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Bien qu'étant une destination potentielle privilégiée pour toute sorte d'investissements, la Tunisie reste pénalisée par certains obstacles, notamment ceux d'ordre sécuritaire. Et les investisseurs étrangers ne semblent pas indifférents à ce point.

Par Seif Eddine Akkari

 L'hôtel El Mouradi à Gammarth accueille, les 13 et 14 juin, la 3e édition du le ''Tunisia Investment Forum TIF 2013'', organisé par l'Agence de promotion de l'investissement extérieur (Fipa).

Placé sous le thème: «Nouvelle Tunisie, vers une nouvelle stratégie d'investissement durable», ce forum réunit une pléiade d'hommes d'affaires, responsables, et décideurs politiques pour faire le point sur l'environnement de l'investissement en Tunisie. Et pour présenter les différents atouts de la Tunisie comme une destination privilégiée pour l'investissement étranger: cadre réglementaire, facilitations diverses, infrastructures de qualité, ressources humaine qualifiées, etc.

Réformes en cours et signes de reprise

Pour cette année, le constat économique, sans être flatteur, comporte des points positifs: une légère reprise de la croissance, une baisse du taux de chômage, une stabilisation de la dette publique et un retour des flux touristiques. Ce son les signes encourageants présentés par Ali Lârayedh, chef du gouvernement provisoire, qui a donné le coup d'envoi du forum.

Le chef du gouvernement provisoire a précisé que la Tunisie ambitionne de mobiliser 3 milliards de dinars sous forme d'investissements directs étrangers (Ide), au moment où le climat social s'améliore progressivement et alors que le gouvernement a pris des mesures urgentes pour relancer l'économie nationale. Il a relevé également que plusieurs réformes structurelles engagées par l'Etat seront mises en application, ce qui permettra un meilleur afflux meilleur des Ide vers la Tunisie.

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Cheikh Abdallah Salah (groupe Dallah Al Barak), Ahmed Mohamed Ali Al-Madani (Banque islamique de développement) et Ali Lârayedh.

M. Lârayedh a souligné, à ce propos, que le gouvernement oeuvre à améliorer le climat d'investissement, à travers la simplification des procédures administratives, le développement de l'infrastructure et l'adaptation du système de la formation au marché de l'emploi, tout en parachevant la loi cadre, réglementant le partenariat entre les secteurs public et privé.

Partenariats stratégiques avec les acteurs internationaux

Ahmed Mohamed Ali Al-Madani, président du groupe de Banque islamique de développement (Bid) a rappelé qu'un accord a été conclu, jeudi, entre son établissement et le gouvernement tunisien sur la mise en place d'un partenariat stratégique qui s'étalera sur la période 2013-2015, moyennant un investissement de 1,2 milliard de dollars.

Ce partenariat visera trois principaux domaines à savoir, la réduction des écarts entre les régions, l'impulsion du partenariat avec les pays arabes et l'encouragement du transfert technologique entre la Tunisie et les pays membres de la Bib. «La Tunisie a bénéficié d'une enveloppe globale de financements de la Bid depuis sa création en 1974, à hauteur de 3,5 milliards de dollars. La banque envisage la création d'un Fonds pour le développement des PME, dont la principale vocation sera le soutien des jeunes promoteurs et l'attraction des nouveaux investissements», a-t-il annoncé.

Pour sa part, Phil Bennett, premier vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a relevé que sa banque réservera un enveloppe de 2,5 milliards d'euros par an (plus de 5 milliards de dinars) à partir de 2015, pour financer ses interventions en Tunisie, en Egypte, en Jordanie et au Maroc, soulignant que ces fonds devraient être alloués dans des projets de développement durable. Il a souligné que la Berd mobilise chaque année un investissement global de 9 milliards d'euros, précisant que chaque euro investi génèrera 2 euros mobilisés par le secteur privé.

Wendy R. Sherman, sous-secrétaire d'Etat américaine a annoncé, pour sa part, qu'un fonds pour l'investissement sera crée prochainement en Tunisie, en vue d'encourager les jeunes à réaliser leurs propres entreprises. Ce fonds sera doté d'un budget de 52 millions de dollars en capitaux crédits ainsi qu'une enveloppe de 50 millions de dollars, sous forme de garantie, placée auprès des banques tunisiennes.

Sans sécurité, pas de prospérité !

Eu égard à la situation encore assez fragile en Tunisie, surtout dans un contexte politique incertain, brumé par tant de zones d'ombres, et marqué par des troubles sociaux et sécuritaires de tout genre, Mme Sherman n'a pas manqué de lancer cet avertissement : «Sans sécurité, pas de prospérité». Elle faisait ici allusion aux évènements qui s'étaient passés le 14 septembre 2012, lorsque des milliers de salafistes avaient pris d'assaut l'ambassade américaine à Tunis, saccageant tout sur leur chemin et causant des pertes de plusieurs millions de dollars. Ces événements avaient provoqué l'indignation générale, surtout à cause de l'incapacité des forces de l'ordre à maîtriser la situation, et également à cause du laxisme du gouvernement, dominé par le parti islamiste Ennahdha, envers les groupes salafistes.

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7 Awards aux entreprises étrangères établies en Tunisie.

En d'autres termes : attirer les investisseurs étrangers, mais sans assurer la sécurité, est-ce possible? Tant que le gouvernement tunisien n'assumera pas sa responsabilité vis-à-vis de l'extrémisme, notamment religieux, le rêve de voir une économie tunisienne émergeante et puissante restera une utopie. Et M. Lârayedh, ex-ministre de l'Intérieur, a dû l'avoir bien compris, surtout après l'intervention de Mme Sherman.

Le Forum a accueilli, jeudi après-midi, le «Symposium du partenariat de Deauville pour l'investissement», initié par le groupe de la Bid, au nom des institutions financières internationales, membres de ce partenariat de Deauville, mais la séance s'est tenue à huis clos.

Les travaux du TIF sont axés sur le nouveau code d'investissement, les réformes législatives et structurelles pour la promotion des Ide en Tunisie, les nouvelles opportunités dans les secteurs à haute valeur ajoutée et les perspectives d'affaires en Tunisie, d'après le point de vue des investisseurs.

Au programme aussi, une étude de cas : «La Tunisie, une destination privilégiée pour les investissements directs étrangers», ainsi des rencontres multisectorielles. En tout, 30 intervenants et 500 rendez- vous d'affaires sont programmés.

Par ailleurs, le Tunisia Investment Forum a remis, hier soir, 7 Awards aux entreprises étrangères établies en Tunisie, en reconnaissance de leur contribution positive dans le renforcement des liens de partenariat et de leur engagement dans le développement économique durable de la Tunisie.

(Avec Tap)