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La crise économique que traverse actuellement la Tunisie a incité les autorités à rechercher des solutions pour pouvoir en gérer les retombées et limiter les dégâts. Parmi les solutions sur lesquelles mise le gouvernement Lârayedh, la finance islamique. Mais serait-elle le remède miracle?

Par Seif Eddine Akkari

En ce sens, et à l'occasion de son 3e anniversaire, la Banque Zitouna, spécialisé dans ce domaine, organise les Journées de la finance islamique, du 12 au 16 juin 2013 dans son siège local sis à Tunis. La journée initiale a surtout été axée sur les perspectives de la finance halal en général, et l'expérience de la Banque Zitouna en particulier.

100 agences réparties sur tout le territoire du pays

Cette dernière, malgré une certaine crise au lendemain de la révolution après la fuite de son fondateur Sakhr El Matéri, a su, selon son Pdg, Ezzeddine Khouja, relever les défis, et c'est avec un capital de 100 million de dinars (MD) et près de 100 agences réparties sur tout le territoire du pays que la banque islamique a su s'imposer dans un marché où elle fait encore cavalier seul sur ce créneau.

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Ezzeddine Khoja, Pdg de Banque Zitouna.

L'intervention de Moncef Cheikh Rouhou, vice-président de la commission financière à l'Assemblée nationale constituante (Anc), a porté plusieurs signaux d'alarme sur la situation économique actuelle en Tunisie, aggravée par un taux de chômage très élevé, une inégalité économique et sociale entre les régions intérieures et côtières, une forte dépendance des économies européennes déjà en crise et une instabilité politico-sociale, conséquences des difficultés de la transition politique après la chute du régime Ben Ali en janvier 2011. Cette situation précaire nécessite quelques reformes qui ne sauraient être tardées, notamment dans le secteur bancaire, et des solutions à mettre en place en urgence.

En attendant un cadre légal clair

Selon le M. Cheikh Rouhou, la finance islamique peut être l'une des solutions. En effet, le point fort de celle-ci réside surtout dans le fait qu'elle se base sur une économie réelle, et non virtuelle. Il n'y a pas de bénéfice accru, étant donné que les intérêts qui augmentent exponentiellement sont remplacés par le principe de «mourabaha». Seulement, le député du Bloc démocratique à la constituante met en garde contre ce qu'il définit comme étant un «mirage islamique», c'est-à-dire les institutions qui se proclament comme islamiques mais qui proposent d'autres services pouvant grandement pénaliser les clients.

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Moncef Cheikh Rouhou.  

La finance islamique peut-elle donc être le salut d'une économie à la dérive? Partiellement oui. Sauf que, même sous la gouvernance d'un parti islamiste au pouvoir, une certaine lenteur est observée dans les démarches et les législations, comme le prouve le projet de loi relatif aux fonds d'investissements islamiques (sukuks), qui attend toujours de voir le jour. Or, sans un cadre légal clair réglementant le secteur, la finance islamique ne saurait se développer, parallèlement et en complément de la finance traditionnelle, et donner ses fruits.