elyes fakhfakh 5 2Le gouvernement ne procèdera ni à des révisions des prix des produits de base et des hydrocarbures ni à des changements au niveau de leurs régimes, a assuré le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh.

Comme le ministre n'a pas indiqué la «date de péremption» de son engagement ni le délai auquel il prendra fin (dans une semaine, un mois, un an...), on n'a aucune raison pour ne pas le croire, sachant, surtout, l'état des finances publiques dont il a responsabilité. Mais passons...

La compensation des hydrocarbures en question

Répondant aux craintes exprimées par plusieurs membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) concernant des réformes structurelles que le Fonds monétaire international (FMI) pourrait exiger, en contrepartie du prêts sollicité par la Tunisie de cette institution internationale, M. Fakhfakh a indiqué que le gouvernement cherche seulement des alternatives visant la révision du système de compensation du secteur des hydrocarbures.

Le ministre, qui intervenait au cours d'une séance plénière, jeudi à l'ANC, sur la question du prêt de précaution à titre de garantie, que la Tunisie a demandé au FMI, a souligné que l'Etat n'a nullement l'intention d'intervenir au niveau du système de compensation des produits de base et du transport. Mais dans celui des hydrocarbures. Et pour cause : ce secteur accapare les 2/3 de la valeur de compensation dans le budget de l'Etat de 2013, estimé à plus de 4 milliards de dinars, alors que les produits de base et de transport représentent 1,5 milliards de dinars. Plusieurs études ont, par ailleurs, relevé qu'une catégorie, qui n'a pas besoin de cette compensation, continue d'en bénéficier.

En ce qui concerne le dossier des entreprises confisquées (et qui avaient appartenu aux membres de l'ancien clan au pouvoir), M. Fakhfakh a nié l'intention du gouvernement de céder certaines d'entre elles en vue de mobiliser des financements au profit du budget de l'Etat. Il a indiqué, dans ce contexte, que ces entreprises ne seront cédées qu'une fois à nouveau rentables et revenues à leur niveau de production initial.

Le ministre des Finances a défendu la position du gouvernement, quant aux négociations engagées avec le FMI pour l'octroi à la Tunisie du prêt de précaution à titre de garantie d'une valeur de 2,7 millions de dinars. «Des négociations sont actuellement en cours avec cette institution sur les clauses de l'accord pour assurer la souveraineté nationale», a-t-il dit. «Souveraineté nationale» : tout le monde a-t-il bien entendu ou doit-on repasser la bande?

Selon M. Fakhfakh, auquel on ne saurait demander de jurer une main sur le Coran et une autre sur le coeur, l'ensemble des réformes contenues dans le document préliminaire de l'accord relatif à ce prêt ont déjà été engagées par la Tunisie après la révolution et bien avant le démarrage des négociations avec le FMI. Traduire : le remède de cheval a été choisi et non imposé. Le résultat, cependant, sera le même : tout le monde, à commencer par les catégories à faible revenu, va devoir se serrer encore la ceinture.

Le «coût politique» du prêt du FMI

Selon le ministre des Finances, le prêt du FMI est une opération prévisionnelle pour éviter ce qui s'est passé en 1986, en Tunisie, à savoir la baisse des avoirs en devises au niveau de 12 jours d'importations, ce qui a mené le FMI à exiger des réformes de la Tunisie, dont une réduction des salaires de 20%.

On n'en est pas là, heureusement, mais en est-on encore loin? D'autant, comme l'a précisé le ministre, même avec les données actuelles et l'amélioration du rythme des recettes fiscales au cours des 4 premiers mois de 2013, le budget de l'Etat a besoin de financements additionnels à travers le recours à l'emprunt.

Le gouvernement a cherché d'autres solutions permettant d'obtenir des crédits, en s'adressant à plusieurs pays, mais la plupart d'entre eux ont conseillé à la Tunisie d'aller demander un crédit auprès du FMI, avant d'entamer des négociations sur d'autres emprunts éventuels.

M. Fakhfakh a indiqué, à ce propos, que le recours au marché international pour mobiliser 3,1 milliard de dinars est du principalement aux difficultés que rencontrent les exportations tunisiennes, en raison d'entraves locales (grèves, occupation d'usines...) ou encore de la crise en Europe et le manque d'investissement en Tunisie.

Le ministre a précisé que la Tunisie a entamé des négociations avec la Banque Mondiale au cours des années 2011 et 2012. Ces négociations, qui ne différent pas de celles menée aujourd'hui avec le FMI, ont abouti à des financements permettant d'engager les réformes urgentes.

I. B. (avec Tap).