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L'accord de prêt du Fonds monétaire international (FMI) à la Tunisie est conditionné par l'engagement des autorités tunisiennes à mettre en route un vaste programme de réformes économiques et une plus grande visibilité sur le plan politique.

Par Marwan Chahla

 La Tunisie vient de franchir l'avant-dernier obstacle de l'octroi par le Fonds monétaire international (FMI) du prêt de précaution de 1,75 milliard de dollars remboursable sur 5 ans, avec une période de grâce de trois années et un taux qui avoisine 1,08%.

Appui du FMI à la démarche de la Tunisie

Le dossier de ce prêt stand-by est désormais sur le bureau du Conseil d'administration du FMI qui, en principe, donnera vers la mi-mai son feu vert final à ce coup de pouce à l'économie tunisienne de 2,79 milliards de dinars.

Le ministre des Finances Elyes Fakhfakh peut pousser un soupir de soulagement, en attendant la prochaine étape de ce parcours du combattant. Le pays pourrait-il vraiment satisfaire les exigences de l'institution internationale?

Comme prévu, la réunion, à Washington, des experts du FMI avec la délégation tunisienne, conduite par le ministre des Finances, sur le dossier du prêt de précaution a été une simple formalité.

Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, et son équipe d'experts n'ont pas hésité à appuyer la démarche de la Tunisie auprès de l'institution financière internationale.

Dans un communiqué, rendu public dans la nuit du vendredi à samedi, Mme Lagarde déclare: «Il me plait d'annoncer que, en soutien du programme de réformes économiques des autorités tunisiennes, les deux parties (la Tunisie et le FMI) réunies au niveau des experts sont parvenues à un accord sur un prêt stand-by (ASB) étalé sur vingt-quatre mois d'un montant de 1,75 milliard de dollars (soit l'équivalent de 1,14 milliard de DTS (1) ou 400% du quota de la Tunisie au FMI). Cet accord sera soumis au Conseil d'administration du FMI, qui étudiera la requête de la Tunisie, le mois prochain».

Dans le même communiqué, Christine Lagarde rappelle la feuille de route technique qui conditionne ce coup de pouce du FMI. Il s'agit, dit-elle, d'un soutien aux efforts des autorités tunisiennes, «visant à préserver la stabilité fiscale et externe, favorisant une croissance plus élevée et inclusive et s'attaquant aux vulnérabilités du secteur bancaire».

Autres voies indiquées aux autorités tunisiennes par la DG du FMI: la nécessité «de mettre en œuvre un programme de réformes qui promeut l'investissement privé, renforce de manière durable la création d'emplois, réduit les disparités économiques et sociales entre les régions du pays et renforce les politiques sociales offrant protection aux catégories les plus vulnérables».

Le FMI veillera au grain

«Ces réformes, conclut Mme Lagarde dans ce communiqué, devraient aider à affronter les nombreux défis économiques et sociaux auxquels la Tunisie fait face, contribuer à réduire les risques qui pourraient résulter de la détérioration du climat économique international ou une incertitude politique prolongée. Ces réformes méritent le soutien du FMI et de la communauté internationale, par le biais de l'appui financier, le conseil politique et l'assistance technique».

Traduisons cette conclusion de la DG du FMI. Les temps sont durs pour tout le monde et l'institution financière internationale a l'intention de veiller au grain. Ses exigences sont claires et pourraient être difficiles à satisfaire: retrouver un rythme de croissance avec de solides équilibres macroéconomiques, mettre en œuvre des réformes des dépenses courantes (salaires, compensation, subvention), de la politique monétaire, pour mieux maîtriser l'inflation, un nouveau code d'investissement, une visibilité plus claire sur le plan politique, constitutionnel et institutionnel, une justice plus équitable et une réhabilitation du secteur privé. La liste est longue.

Autant dire qu'il s'agit de travaux titanesques: tant de réformes à mettre à exécution de toute urgence et en même temps représentent un pari très difficile. Cependant, est-ce que la Tunisie a un autre choix, un autre recours que le FMI et la Banque mondiale, surtout après la dégradation de sa note souveraine pour toutes les agences de notation, ce qui rend d'autant plus difficile (et couteuse) sa sortie sur les marchés financiers internationaux.

Note :
(1) Droits de tirage spéciaux.