phosphates tunisie 16Les secteurs du phosphate et des engrais ont enregistré, en 2011 et 2012, une perte estimée à 2 milliards de dinars, en raison des mouvements de protestation ayant causé la suspension des activités d'extraction et de transformation du phosphate.

Ce chiffre, assez inquiétant, en raison du poids de ce secteur dans l'économie nationale, a été avancé par le directeur général adjoint de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG).

Néjib Mrabet, qui parlait à l'agence Tap, a indiqué que les unités et les carrières relevant de cette compagnie publique spécialisée dans l'extraction et la production du phosphate n'ont pas dépassé, depuis le début de 2013, 20% de leur capacité totale.

Baisse de 70% de la production de la CPG

L'état actuel du secteur du phosphate dans la région de Gafsa (sud-ouest) a fait l'objet d'une conférence, lundi, au cours de laquelle le directeur général adjoint de la CPG a fait la lumière sur les principales difficultés de ce secteur.

Selon M. Mrabet, la région de Gafsa, notamment la zone du bassin minier, a connu, durant les deux dernières années, de larges mouvements de protestation des demandeurs d'emploi qui ont causé la suspension des activités d'extraction et de production du phosphate, son transfert aux usines chimiques pour sa transformation en engrais ou son chargement vers les ports tunisiens pour les besoins de l'exportation.

«Cette situation a engendré une baisse de 70% de la production de la compagnie, en comparaison avec l'année 2010», a-t-il dit.

Le directeur adjoint a relevé que la société a honoré ses engagements dans la région notamment concernant les recrutements, ajoutant que le nombre des bénéficiaires d'emploi a atteint 9.900.

Ces travailleurs ont été recrutés soit par le biais du programme de recrutements directs, ou dans les entreprises de l'environnement, du transport des produits miniers et de sous-traitance, intégrés à la compagnie, au cours des deux dernières années.

M. Mrabet a fait aussi remarquer que la CPG a eu recours en 2011-2012 à ses stocks stratégiques de phosphate brut et commercial en vue de répondre aux besoins de ses clients, «ce qui a provoqué une baisse du volume des stocks de 8 millions de tonnes en 2010 à 3 millions, actuellement». «Les mines de phosphate et les laveries doivent reprendre leurs activités pour satisfaire la demande des clients au plan local, notamment celle du Groupe chimique tunisien (GCT)», a-t-il insisté.

Un secteur en perte de vitesse sur le plan international

Le responsable a précisé que la société a failli perdre sa place sur le marché international du phosphate après la baisse des exportations qui était de 1.200.000 tonnes en 2007 et se situe à seulement 150.000 tonnes en 2011.

A l'exception des deux carrières d'extraction du phosphate de la délégation de M'dhila, des deux laveries de phosphate et des unités de production qui poursuivent leur activités normalement, les mines de la compagnie et ses laveries sont encore totalement suspendues dans les régions de Metlaoui, Om Laârayes et Redeyef, sans parler de l'arrêt du transport du phosphate à travers le réseau ferroviaire, à cause des grèves et des mouvements de protestation.

Le gouverneur de la région, Ibrahim Hamdaoui, a indiqué, de son côté, que des patrouilles sécuritaires accompagnent, depuis une dizaine de jours, les bus et les navettes transportant les travailleurs et les cadres de la CPG, à partir du district de M'dhila, jusqu'à leurs postes de travail. Il n'a cependant pas confirmé ou infirmé la volonté de l'autorité régionale de généraliser ces mesures à tous les autres districts de la CPG à Metlaoui, Redeyef et Om Laârayes. Il a néanmoins fait part de sa détermination à garantir le droit au travail pour tous, sans porter atteinte au droit de protester, à condition que cela n'entrave pas la marche du travail.

I. B. (avec Tap).