«Le modèle du social business (ou entreprenariat social) peut réussir en Tunisie et donner des fruits à moyen et long termes», a affirmé, mercredi, le professeur Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix.

 

Intervenant dans le cadre d'une conférence nationale sur «le social business en Tunisie», organisée à l'Institut des hautes études commerciales de Carthage (Ihec), M. Yunus a fait savoir qu'il visite le pays pour la première fois, dans le cadre d'une mission de la Banque africaine de développement (Bad), pour apporter son expérience et présenter ses idées sur le social business. L'objectif est de lancer des projets pilotes d'entreprenariat social en Tunisie, Togo et Ouganda, intitulé «Mouvement de Social Business en Afrique (MHSB- Afrique)», à l'initiative de la Bad.

La responsabilité sociétale de l'entreprise

Le Pr. Yunus définit le social business comme étant «une action que l'entreprise mène en parallèle avec ses activités conventionnelles pour résoudre des problèmes sociaux, tels que le chômage, l'éducation des jeunes, la santé, la lutte contre l'analphabétisme..., et ce, sans chercher des gains matériels en contrepartie».

D'après le centre Yunus, ces entreprises qui assument une responsabilité sociétale, «génèrent des revenus qui couvrent leurs coûts propres. Les investisseurs y récupèrent leur mise et tous les bénéfices sont réinvestis dans la croissance et l'innovation, voire pour essaimer de nouvelles entreprises de social-business».

Le social-business vise «à élargir le modèle du capitalisme actuel, en mettant l'accent sur des objectifs d'utilité publique, plutôt que sur le profit personnel».

Le directeur de l'Ihec, Pr. Slim Khalbous, a indiqué que le modèle de l'entreprenariat social peut constituer une solution adéquate pour sortir le pays de cette situation de crise, et faire face aux problèmes socio-économiques, dont notamment celui du chômage.

Changer tout le système de l'entreprenariat

«Il faut changer tout le système de l'entreprenariat dans le pays, en instaurant un nouveau modèle qui se base sur l'idée de création de richesses et de plus value pour toute la société, à travers notamment, la création d'emplois additionnels et la mise en place des conditions d'une vie meilleure au profit des employés», a-t-il expliqué.

Dans le même contexte, l'homme d'affaires Mohamed Ben Jemaâ a estimé que ce modèle peut réussir, à condition que les investisseurs et les entrepreneurs adhèrent à cette démarche, partant de la conviction qu'avec la création d'emplois additionnels, on pourra faire face aux problèmes du chômage, de délinquance et autre.

Les chômeurs futurs consommateurs

«Les chômeurs se transformeront ainsi en des futurs consommateurs, ce qui favorisera la croissance économique et le développement du pays», a-t-il précisé.

Le MHSB-Afrique est un programme de 2 ans, financé par une subvention du gouvernement nippon et cofinancé par la Bad.

Il s'inscrit dans le cadre de l'Initiative conjointe en faveur de la création d'emplois pour les jeunes en Afrique, créé en 2011 par la Bad, la Commission de l'Union Africaine (UA), la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique (Uneca) et l'Organisation internationale du travail (OIT).

Source : Tap.