altL’exploitation de la mine de phosphate de Sra Ouertane pourrait bien être attribuée à la Société d’exploitation minière du Qatar, mais en respectant la procédure de l’appel d’offres international.


Le ministère de l’Industrie a démenti, dans un communiqué, les informations publiées, récemment, par certains médias, dont Kapitalis, concernant «l’absence de transparence» dans le traitement des appels d’offres internationaux, citant en exemple «l’octroi du projet des phosphates de Sra Ouertane (le Kef, nord-ouest) à une société qatarie sans respect des lois de la concurrence».

Le ministère a précisé, à ce sujet, que le mémorandum d’entente conclu, le 15 juillet 2012, avec le Qatar concernant ce projet «ne stipule guère l’octroi du projet à la Société d’exploitation minière du Qatar». Il évoque plutôt «l’exécution» du projet par cette société, «dans le cadre du partenariat et conformément aux procédures d’appels d’offres et aux lois tunisiennes», ajoute le communiqué.

Quelle est la différence entre les deux formules?

Dans une déclaration à l’agence officielle Tap, Romdhane Souid, directeur général des mines, a indiqué que la société qatarie se chargera du financement de la mise à jour de l’étude de faisabilité technico-économique (réalisée au début des années 80) en associant à cette tâche des techniciens et experts tunisiens, et ce, dans une période ne dépassant pas une année à partir de la date de signature du mémorandum d’entente.

M. Souid a précisé, par ailleurs, que la société qatarie «ne peut exploiter le projet qu’à travers la participation à l’appel d’offres international qui sera lancé par le ministère après le parachèvement des études». «Le coût élevé de la mise à jour de l'étude de faisabilité est derrière son blocage», a encore précisé le responsable.

Dans son communiqué, le ministère de l’industrie a rappelé que les études concernant le projet ont été déjà mis à la disposition des investisseurs intéressés et qui ont participé à l’appel d’offres de 2009. «Permettre l’accès de la société qatarie à ces études n’est pas exclusif», a précisé le ministère puisque celles-ci sont accessibles à tous les investisseurs.

Les services du ministère des Affaires étrangères vont publier le contenu du mémorandum d’entente entre la Tunisie et le Qatar sur le Journal officiel de la république tunisienne (Jort) a encore indiqué le département de l’industrie dans son communiqué.

Si on a bien compris : la société qatarie va financer l’étude de faisabilité technico-économique du projet d’exploitation de la mine de phosphate de Sra Ouertane. Oui, mais pourquoi le fait-elle si cela ne lui donne pas une sérieuse option pour l’exécution et l’exploitation du projet? L’appel d’offres pourrait n’être finalement, comme il l’a déjà été sous Ben Ali, une simple formalité administrative pour sauver les apparences… Et c’est cela que les médias, et particulièrement Kapitalis, le premier à avoir soulevé ce problème, craignent, sachant l’influence qu’a aujourd’hui l’émirat du Qatar sur le chef du parti Ennahdha au pouvoir, Rached Ghannouchi, et sur l’actuel gouvernement tunisien.

I. B.

Articles liés:

L’Attf s’insurge contre la «gestion douteuse de l’argent public» en Tunisie

Tunisie. Les dessous (pas clairs) des accords signés avec le Qatar

Tunisie. Les ambitions économiques du gouvernement Jebali

Tunisie. Réouverture des mines de phosphates de Sra Ouertane