A quelques jours de son spectacle ‘‘Nouraniet 2010’’, le lundi 9 août à Carthage, le chanteur Slim Baccouche se trouve au cœur d’une polémique liée à sa participation, aux côtés de Mohsen Chérif, à une soirée au cours de laquelle ce dernier avait crié ‘‘Vive Bibi Netanyahou’’. L’intéressé a accepté de s’expliquer à Kapitalis…


 

Kapitalis: On vous reproche d’avoir chanté une ode à la Ghriba au cours de la même soirée à laquelle Mohsen Chérif a lancé son fameux ‘‘Vive Bibi Netanyahou’’. La chanson dit en arabe tunisien ‘‘Ya ghriba ma tkhaliha biya’’ (Ô Ghriba, ne m’abandonne pas). Beaucoup de Tunisiens ont été choqués par le fait que vous chantez en même temps des chants mystiques musulmans et une ode à un lieu saint juif. Que leur répondez-vous?

Slim Baccouche: Il s’agit d’une chanson vieille d’un siècle, si ce n’est pas plus. Je l’ai chantée, il est vrai, pour faire plaisir aux gens qui étaient là. Mais ceci remonte à très longtemps. Je suis un artiste qui répond aux attentes du public. On m’a demandé cette chanson, j’ai répondu favorablement. Comme le font tous les artistes tunisiens, sans exception aucune, qui viennent chaque année à La Ghriba, en marge du pèlerinage juif, chantent et animent des soirées.

Pouvez-vous nous citer des noms?
J’ai dit sans exception.  

Quel souvenir gardez-vous de la fameuse séquence de Mohsen Cherif?
Je n’étais pas présent avec lui lorsqu’il a crié ‘‘Vive Netanyahu’’. Même si la scène s’est déroulée au cours d’une soirée que j’animais moi-même à La Ghriba.


De gauche à droite : Slim Baccouche et quelques uns des artistes de ‘‘Nouraniet 2010’’: le Turc Ilyes Ousbek, l’Algérien Abdallah El Kord et les Tunisiens Mohamed Lassoued et Kamel Abassi.


Vous trouvez normal qu’un artiste chante devant n’importe quel public et tout ce que ce public lui demande?

Un artiste est un écran blanc. Chacun peut y inscrire ce qu’il veut. On peut salir cet écran comme on peut le nettoyer. On peut s’identifier à cet écran. On peut l’adopter. Chacun en fait ce qu’il veut. Mais l’artiste reste artiste.

Vous deviez donner une conférence de presse aujourd’hui, mais vous l’avez finalement annulée. Quelles sont les raisons?
Non, on n’a pas annulé la conférence. On l’a simplement reportée. Et c’est le comité d’organisation du Festival international de Carthage qui a pris cette décision après mon accord.

Avez-vous été interpellé, en dehors du web, à propos de cette polémique?
A vrai dire non. Vous êtes le premier et le seul journal à m’avoir contacté. En tout cas jusque là.

Pensez-vous être «éligible» à une scène aussi prestigieuse que celle du théâtre romain de Carthage?
Sans aucun doute. Mon spectacle de Carthage, je le mérite, ainsi que l’ensemble qui m’accompagne. Car, il s’agit d’un travail qui nous a pris des années de recherche, d’approfondissement et de clarification. C’est un spectacle de purification et d’illumination que l’on cherche à partager avec un maximum de gens prêts à nous accompagner dans ce voyage.

Pour revenir à la polémique à propos de votre participation à des soirées en marge du pèlerinage de la Ghriba, quelle leçon en tirez-vous?

La vie est faite d’erreurs. On apprend de nos erreurs, même si, dans mon cas, il s’agit d’un passé lointain. Mais voilà, il y a toujours des choses qui surgissent au moment le plus inattendu. Pourquoi cette vidéo est-elle apparue une semaine avant la date de mon spectacle alors que j’étais à la phase de finalisation. Je ne le comprends pas. ‘‘Rabbi isamahom’’ (Que Dieu leur pardonne!)  

Parlez-nous de ‘‘Nouraniet 2010’’?
Il s’agit d’un voyage spirituel à travers la journée, du lever au coucher du soleil et même un peu plus tard dans la nuit, dans le but d’atteindre l’illumination de la pleine nuit. La voix sera très présente en solo et en chœur. C’est un spectacle collectif. Il y aura une chorale d’une vingtaine de personnes qui interpréteront deux chansons et une quinzaine d’instrumentistes. Le spectacle durera entre 1 heure trente et deux heures moins le quart. Il y aura cinquante artistes sur scène.

Propos recueillis par : Yüsra Mehiri

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