Jalila-Baccar-et-Fadhel-JaibiJalila Baccar et Fadhel Jaïbi parrainent, cette année, la 76e promotion de l'Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre" (Ensatt) de Lyon.

La dramaturge et comédienne et metteur en scène tunisiens succèdent, dans cet honneur, à Vaclav Havel, Armand Gatti et Ariane Mnouchkine, entre autres grandes figures de la scène mondiale.

Autrefois appelée Ecole de la Rue Blanche, cette “Ecole-Théâtre” fondée il y a plus de 70 ans est actuellement dirigée par Thierry Pariente. Elle enseigne les métiers d'acteur, d'administrateur, de costumier concepteur, de costumier coupeur, de directeur technique, d'écrivain dramaturge, de metteur en scène, de réalisateur lumière, de réalisateur sonore et de scénographe. Elle est parmi les plus prestigieuses d'Europe.

Une soixantaine d'élèves choisis parmi 2000 candidats composent la promotion portant les noms de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi.

A cette occasion, une convention de partenariat a été signée entre l'Ensatt et le Théâtre national tunisien (TNT), dirigé par Fadhel Jaïbi, pour l'échange d'enseignants et de praticiens.

Cet accord permettra aux élèves de l'Ecole de l'Acteur, qui a ouvert ses portes en octobre 2014 à Tunis, ainsi qu'aux techniciens du TNT de profiter de l'enseignement d'intervenants prestigieux de l'Ecole de la Rue Blanche.

Dans une lettre adressée, à cette occasion, aux étudiants de la 76e promotion de l'Ensatt, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi parlent contre des «étrangers à d’autres étrangers, jeunes, ayant choisi un parcours du combattant, fascinant et sans filet, le plus beau métier du monde, si fragile, si bousculé, si exigeant et si exaltant dans un monde de plus en plus fou.»

Le couple atypique du théâtre tunisien et arabe, trouve les mots qu’il faut pour faire aimer encore davantage le théâtre à de jeunes artistes en herbe et futurs enfants de la balle:

«Le théâtre nous a offert une tribune d’expression et d’échange, qui nous a sauvés, une tribune à nulle autre pareille, de quoi faire pâlir de rage les tribunes politiciennes, les plateaux de talk-shows, les stades archibondés et autres lieux de crétinisations massives», écrivent-ils. Ils ajoutent:

«Le théâtre nous a appris à nous mirer dans l’autre, à l’écouter, à polémiquer avec lui, à controverser et progressivement à l’accepter.

«Le théâtre nous a permis de voyager, de «plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau», puis d’aller chez l’autre, notre semblable, notre dissemblable, notre frère. «Il nous a ému d’émouvoir le Japonais, le Coréen et le Finlandais, de nous ouvrir en nous confrontant au Français, au Marocain et à l’Italien, de… de…

«Le théâtre nous a enseigné que l’universel commence à Tunis, que Shakespeare n’est de partout que parce qu’il est de Stratford et de Londres et Sénèque aussi et Sophocle et Brecht et Camus et Beckett et Sarah Kane, et Ariane Mnouchkine, et… et…

«Le théâtre nous a appris que l’homme est partout le même où qu’il fut et où qu’il est, et probablement où qu’il sera sous toute latitude.

«Le théâtre nous a confirmé qu’autant nos ressemblances que nos dissemblances et différences nous enrichissent mutuellement, nous grandissent et nous rendent moins monstrueux ; qu’en acceptant l’autre on s’accepte sans doute mieux!»

I. B.

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