danse 6 5Au lieu de sauver l'économie et de créer des emplois, les Frères musulmans au pouvoir en Egypte veulent... interdire la danse. Quand Ennahdha va-t-il s'attaquer, lui aussi, à cette «obscénité»?

 

Rien dans la danse, sous toutes ses formes et dans tous ses genres, ne plaît à Mohamed Morsi. La haine que le président égyptien voue à l'art de la danse n'est pas une récente phobie, ainsi que vient de le révéler un enregistrement vidéo de la Dream TV qui a été récemment déterré, bien à propos.

Là-bas aussi, l'intégrisme rampant fait des ravages... et compte bien faire marcher les Egyptiens au pas. Un art est art, pour l'islamisme, et il devrait être «contrôlé» de très près.

Dans une interview enregistrée il y a 8 ans, alors qu'il n'était que député au parlement égyptien, M. Morsi avait déclaré que la danse «est une violation de la chariâ». A l'époque, il avait également déprécié une école de danse classique, s'interrogeant: «A quoi peut servir cette école? Quel rôle joue-t-elle? Quels sont ses objectifs?». Et pour plus de précision, au micro du présentateur égyptien Wael Abrachi de la Dream TV, le parlementaire Morsi ajoutait que «cette école et le concept même de la danse classique sont une violation de l'Article II de la Constitution». L'ancienne...

L'on entend Morsi dire, dans cet enregistrement, que la danse «influence négativement le spectateur».

L'art de la danse a indéniablement subi un coup dur sous le pouvoir islamiste des amis de Mohamed Morsi.

La vidéo de la Dream TV a refait surface au lendemain d'une menace lancée par un parlementaire d'ordonner la fermeture d'une école de ballet dans le pays. Samedi dernier, ce représentant a suscité la controverse en décrivant la danse classique comme «art de la nudité».

Très vite, les salafistes du Parti Al-Nour s'emparent du sujet et font monter les enchères. Gamal Hamed, membre du Conseil consultatif, a considéré l'art du ballet comme étant «l'art des nus qui propage l'obscénité et l'immoralité». Du coup, il faudra interdire cet art.

Les Egyptiens, doivent aujourd'hui regretter, eux aussi, d'avoir glissé dans les urnes autant de bulletins de vote favorables aux Frères musulmans et au parti Al-Nour, qui ont récolté à deux plus de 60% des sièges de l'Assemblée du peuple égyptienne.

En lieu et place des emplois et du sauvetage de l'économie égyptienne, les vainqueurs des élections de l'an dernier préfèrent donc corriger «l'obscénité et l'immoralité» de la danse classique.

Quand on sait que Rached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien Ennahdha, au pouvoir à Tunis, est le vice-président de l'organisation internationale des Frères musulmans, on peut sétieusement craindre une pareille dérive conservatrice en Tunisie. Le fait que M. Ghannouchi prête trop l'oreille aux ultras de son parti, des salafistes purs et durs (les Habib Ellouze, Sadok Chourou et compagnie), n'est pas, à cet égard, très rassurant.  

Marwan Chahla