20 millions de dinars, plus de trois ans de travaux accomplis avec finesse et minutie par des ouvriers qualifiés et des ingénieurs assistés de bureaux d’études et d’experts étrangers pour faire incarner l’histoire millénaire de la Tunisie.

Par Nacer Ould Mammar


 

Un voyage dans l’histoire de tout un peuple est donc possible au majestueux et fascinant musée du Bardo. Hélas méconnu par une majorité de Tunisiens, pourtant seuls concernés par les grands pans de leur histoire. C’est hallucinant! Seulement 3% des Tunisiens connaissent le musée du Bardo, selon l’information fournie à Kapitalis par Ridha Kacem, directeur général de l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (Amvppc), lors d’un point de presse organisé lundi soir au musée du Bardo pour annoncer la réouverture officielle de ce joyau de la culture tunisienne.

Ouverture officielle le 25 juillet

Le vieux palais beylical devenu un lieu de préservation de la mémoire nationale.

Après une visite des différents espaces du musée avec les journalistes et autres invités, une conférence de presse a été organisée dans l’une des salles flambant neuf. Après une brève allocution par l’un des organisateurs, on y entre vite dans les débats.

A une question sur la date d’inauguration jugée prématurée avec la presse, M. Habib Ouni, chef de cabinet du ministère de la Culture, dira que l’inauguration officielle est prévue pour mercredi 25 juillet, date correspondant à l’anniversaire de l’indépendance.

Gharsallah Hizem, nouvelle directrice du musée, est intervenue pour donner plus de précisions à ce sujet. «Depuis le démarrage des travaux en 2009, plusieurs agences de voyages avait supprimé sur leurs circuits de visite le musée du Bardo dont plusieurs salles ont été fermées. Donc pour eux, il n’était pas intéressant de venir visiter si on ne peut pas voir les pièces maîtresses et les salles les plus importantes. Ce qui a provoqué une baisse considérable dans le nombre d’entrées et, par conséquent, le revenu du musée qui sont importants dans le budget de l’Amvppc qui gère les billetteries de tous les musées. Vu que ce budget finance plusieurs projets culturels et même le fonctionnement de l’Institut national de patrimoine (Inp), il était devenu urgent de procéder à la réouverture du musée».

Un véritable trésor de mosaïques antiques: des pièces uniques et rares.

Une histoire millénaire, une identité plurielle

Y aurait-il un programme pour le musée afin que les citoyens puissent s’informer, apprendre sur l’histoire de la Tunisie pour assimiler les différentes composantes de l’identité tunisienne? Réponse de Ridha Kacem: «Notre identité est multiples et il y a différents aspects de notre histoire de 3.000 ans. Il y aura les Nuits du Musée du Bardo à l’image de celles du Musée de Sousse pour familiariser le citoyen avec l’espace musée qui ne doit pas être figé mais interactif et plein de vie».

Abordant la question de l’identité, très en vogue aujourd’hui en Tunisie,  Abdeltif M’rabet, chargé de mission au ministère de la Culture, dira que beaucoup de choses se sont dites, ces derniers temps, sur l’identité tunisienne, la réduisant à l’époque arabo-musulmane, alors qu’elle est beaucoup plus riche puisqu’elle remonte aux ancêtres berbères, puniques, romains, byzantins, vandales, etc., avec des apports turcs, français, espagnols, etc.

Une grande variété de statuettes romaines.

On s’est également interrogé sur une éventuelle coordination avec le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de l’Education. Réponse de M. M’rabet: «Une coordination existe dans la perspective où les musées doivent être intégrés dans la formation des jeunes tunisiens, élèves ou étudiants, afin de leur inculquer le réflexe de fréquenter les musées comme source de culture et d’éducation en tant qu’enrichissement du cursus de la formation de l’apprenant appelé à ne plus se contenter des cours dispensés par l’institution éducative».