Candidats-presidentielle-2014

Même s'il est difficile de prévoir les chances des candidats à la présidentielle de passer au second tour, il est permis d'avancer des pronostics en se basant sur certaines données disponibles.

Par Mohamed Chawki Abid*

La surabondance des postulants à la présidence de la pépublique (une vingtaine voire plus), aggravée par la multiplication des candidats au sein du Front du salut national (FSN) ou de l'Union pour la Tunisie (UpT), va nécessairement conduire à un abaissement préoccupant du «seuil de passage» au second tour.

Vu que le nombre d'inscrits sur la liste électorale est de 5,2 millions d'électeurs, et si l'on suppose un taux moyen d'abstention de 25%, le seuil pourrait avoisiner 300.000 voix seulement, soit un score minima d'environ 7%.

Par conséquent, les instruments d'influence et les appareils de manipulation seront utilisés à bras-le-corps pour permettre aux «plus musclés des candidats» de sauter au second tour : canaux de communication institutionnelle pour les sortants, chaines de télévision off-shore pour les non-résidents, populisme mensonger pour les perfides, intéressement de votants pour les blanchisseurs, etc...

A titre indicatif, si l'achat d'un ticket se négociait à 50 DT, le budget minima requis pour être finaliste devrait avoisiner les 15 M² TND, ce qui ne semble pas être onéreux pour certains richissimes candidats.

Au-delà des candidats richissimes susceptibles d'employer l'argent facile comme bon leur semble pour ramasser quelques centaines de milliers de votants, le postulant qui dispose d'un avantage de taille est incontestablement Moncef Marzouki, pour les principales raisons suivantes :

- prime psychologique inscrite à l'actif de tout candidat sortant;

- utilisation subtile de la communication institutionnelle pour évacuer sa propagande électorale;

- populisme ciblé touchant les citoyens de l'arrière-pays et des classes faibles;

- alliance faite par le Congrès pour la république (CpR) avec les militants des Ligues de protection de l révolution (LPR) depuis son intégration de la troïka;

- soutien des salafistes (savants ou djihadistes) en guise de renvoi d'ascenseur;

- soutien des islamistes radicaux ayant fui Ennahdha, jugé consensuel et modéré;

- soutien des Jebalistes après la renonciation de Hamadi Jebali à la course électorale;

- soutien d'une portion des Nahdhaouis, en l'absence de candidat désigné par Ennahdha...

Compte tenu de son électorat propre (estimé à plus de 250.000), le report des voix de tout ce beau monde pourrait procurer à Moncef Marzouki une grande moisson de plus de 400.000 voix, soit un score d'environ 10% lui permettant de passer confortablement au second tour.

A deux mois des élections présidentielles, de nouveaux évènements auront lieu et les circonstances évolueront, de nature à influer sur la tendance générale du paysage électoral.

Naturellement, les résultats des élections législatives (26 octobre) vont remettre les compteurs à zéro et effacer les mémoires, ce qui favorisera l'émergence d'une nouvelle physionomie et l'apparition de nouvelles tendances.

A priori, trois grandes orientations seraient possibles pour le deuxième finaliste (du second tour):

1) l'un 3 richissimes possédant des chaînes de télévision (Slim Riahi, Larbi Nasra et Hachemi Hamdi) ;

2) Béji Caïd Essebsi, si Nida Tounes s'offrait une forte position aux législatives;

3) Kamel Morjane, si Ennahdha affichait clairement son soutien en sa faveur.

* Ingénieur économiste.

 

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