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Le Parti des Travailleurs et le Front populaire sont devant un enjeu vital : ne pas trahir l'espoir et l'attente des dizaines de milliers des citoyens qui croient en lui.

Par Abdelmajid Mselmi*

Le Parti des Travailleurs, principale composante du Front populaire, a ouvert, mercredi 25 juin, dans un hôtel de la banlieue-sud de Tunis, son 4e congrès, sous le slogan «Un parti au service du Front, un Front au service du peuple».

La cérémonie d'ouverture s'est déroulée en présence de plusieurs responsables de partis démocratique, notamment Taïeb Baccouche (Nida Tounes), Ahmed Néjib Chebbi (Al-Jomhouri), Samir Bettaieb (Al-Massar), Zied Lakhdar, Mohamed Jmour, Mongi Rahoui (Watad), Ahmed Seddik (Attalia), Mbarka Brahmi, veuve de Mohamed Brahmi, le député de gauche assassiné par des extrémistes religieux.

Hamma Hammami, fondateur du Parti des Travailleurs en 1984 et porte-parole du Front populaire, a plaidé, dans son discours d'ouverture, pour l'unification des forces démocratiques, tout en insistant sur le rôle historique du Front populaire, comme un mouvement social et démocratique au service du peuple.

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Le Watad présent en force: Mohamed Jemour, Mongi Rahoui et Zied Lakhdar.

Le mérite du Front populaire

Le Front populaire, qui regroupe plusieurs partis nationalistes arabes et de la gauche radicale, est une tentative réussie de regroupement des forces démocratiques après l'échec des élections du 23 octobre 2012. La gauche tunisienne semble, en effet, avoir rapidement assimilé les leçons de cette défaite électorale cuisante.

Grâce aux efforts conjugués de feu Chokri Belaid, assassiné le 6 février 2013, feu Mohamed Brahmi, tué le 25 juillet 2013, tous deux par des extrémistes religieux, Hamma Hmmami et d'autres leaders du front démocratique et progressiste, les forces de la gauche et les nationalistes progressistes ont pu se rassembler dans un front politique.

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Hamma Hammami, probable candidat du Front populaire à la prochaine présidentielle. 

Ce front a rapidement trouvé un écho favorable auprès de milliers de citoyens et il est devenu, en peu de temps, la 3e force politique dans le pays (Après Nida Tounes et Ennahdha), comme le montrent régulièrement les sondages d'opinion depuis un an.

Cette réussite prend toute sa signification au regard de l'échec de la tentative de regroupement des forces démocratiques et centristes au sein du parti Al-Jomhouri, ou de l'Union pour la Tunisie (UPT), né durant l'été 2013 et qui est presque déjà dans un état de mort clinique.

Reste que le Front populaire ne doit pas crier rapidement victoire. Les prochaines élections constituent une épreuve réelle pour tester la popularité des partis loin des résultats des sondages, dont les conditions de réalisation sont trop controversées.

Les devoirs des «frontistes»

C'est une pure coïncidence mais elle est heureuse : le jour même de l'ouverture du 4e congrès du Parti des Travailleurs, l'Assemblée nationale constituante (ANC) a voté les dates des prochaines élections, notamment les législatives, qui devront se tenir le 26 octobre prochain.

Ce calendrier met déjà une forte pression sur les congressistes du Parti ouvrier et sur les «Frontistes» en général.

Le Front populaire a l'obligation – devant le peuple qu'il a juré de défendre – de réussir les élections et de remporter le maximum de sièges dans le prochain parlement. Il sera alors doté d'une force parlementaire imposante et incontournable qui va lui permettre de peser sur la scène politique et de mieux défendre la cause des classes populaires et des régions déshéritées, ainsi qu'un modèle de société basé sur le respect des libertés, de la dignité et de la justice sociale.

En outre, un résultat positif lui permettra de présenter son propre candidat à l'élection présidentielle (un autre enjeu de taille) dans les meilleures conditions.

Pour cela, le Front populaire doit rapidement mettre en place un comité électoral central et des comités régionaux. Il doit affiner son programme socio-économique et le concentrer en 20 à 30 messages concis et clairs, sous forme de propositions populaires visant à redresser la situation socio-économique, et qui porteraient le label du Front.

Il est nécessaire aussi de sélectionner les candidats (et précisément les têtes de listes) dans les régions le plus tôt possible pour qu'ils puissent former leurs équipes de campagne et commencent le travail de terrain tout de suite.

Les leaders du Front auront aussi la tâche difficile d'aider les équipes régionales, de les encadrer et de les soutenir.

Le Front populaire est devant un défi historique et un enjeu vital pour ne pas trahir l'espoir et l'attente des dizaines de milliers des citoyens qui croient en lui. Il n'a pas beaucoup de choix : soit la victoire ou la victoire !!!

* Universitaire, membre du Front populaire.

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