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Le gouvernement de AliLarayedh a bel et bien démissionné... de la salubrité publique et de la préservation de l'environnement, la saleté ayant atteint, sous son mandat, des niveaux inégalés.

Par Tarak Arfaoui

Jamais, au grand jamais, de mémoire de Tunisois, notre capitale n'a été envahie par autant d'ordures, de détritus, de gravats et de déchets de toutes sortes rencontrés à chaque coin de rue dans tous les quartiers aussi bien huppés que populaires dans la totale indifférence des autorités et le complet désintéressement des citoyens.

La capitale, dont la salubrité laissait un tant soit peu à désirer du temps de Zaba s'est transformée depuis 2 ans en un véritable dépotoir à ciel ouvert.

Prenez, cher lecteur, votre voiture et empruntez, par exemple, la sortie ouest de la Tunis en traversant le quartier de Sejoumi vers l'autoroute ouest et la vous serez ébahi par la vue d'un spectacle intolérable, presque surréaliste, digne de Kandahar ou de la Somalie, traduisant l'invraisemblable déchéance écologique qui a frappé Tunis.

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Tunis s'est transformé en moins de deux ans en un dépotoir à ciel ouvert.

Là, ce n'est qu'un échantillon d'un paysage hideux qu'on retrouve un peu partout dans le pays.

Les services municipaux sont apparemment dépassés par les événements du fait de l'absence de conseils municipaux efficaces et de l'égoïsme des citoyens pollueurs dont l'incivisme et le «je-m'en-foutisme» ont atteint un seuil intolérable.

L'amoncellement des ordures dans des conteneurs éventrés ne dérange plus personne faisant désormais partie du paysage urbains habituel.

Les dépôts des résidus des chantiers sont amoncelés partout sur les bas-côtés des boulevards, au niveau de tous les échangeurs et même au milieu des ronds points en plein centre-ville.

Les bouteilles ainsi que les sacs en plastique, véritable fléau environnemental de ce siècle, sont éparpillés à chaque coin de rue, accrochés aux plantes et arbres des espaces verts.

La chaleur aidant, des odeurs nauséabondes ont envahi les espaces publics.

L'invasion des nuées de moustiques a empoisonné la vie des Tunisois cet été comme jamais auparavant; certaines maladies jadis éradiquées ont immanquablement ressurgi à la faveur de cette décadence sanitaire comme le paludisme, les fièvres exotiques, la gale, la rage, les hépatites.

Ce malheureux constat n'est pas spécifique à la capitale, car toutes les autres villes en pâtissent aussi bien au niveau du littoral qu'à l'intérieur du pays où la situation est véritablement dramatique.

Je me demande ce que pourrait bien ressentir M. Larayedh, premier responsable de cette insalubrité publique, chaque matin, sur le chemin du travail, en constatant la déchéance environnementale dans laquelle est noyée la capitale. Sans faire de jeux de mots, je me demande s'il a suffisamment d'amour propre pour tolérer cette saleté ambiante et faire vivre ses concitoyens dans ce grand dépotoir qu'est devenue «Tounes El-Khadhra» (la verte Tunisie), jadis renommée pour ses jardins verdoyants et son air vivifiant.

Une campagne de propreté tout azimut est, à mon avis, aussi urgente que la démission du gouvernement.

* ''La politique des restes'' est le titre d'une pièce de l'auteur français d'origine russo-arménienne Arthur Adamov, datant de 1962.