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Les critères du classement de Shanghai sont trop durs et ne tiennent pas compte des spécificités de l’enseignement supérieur en Tunisie, disent nos responsables pour justifier l’absence des universités tunisiennes de ce classement mondial. Argument irrecevable…

Par Ridha Hamdane*


Le classement de Shanghai est un classement réalisé selon des critères assez durs pour ne pas dire trop durs, par les Chinois qui ont voulu, par ce classement, se situer par rapport aux universités mondiales.

L’art d marcher à reculons

Il n’y a pas de meilleure idée pour faire avancer son économie, son industrie, l’insertion professionnelle de ses jeunes que de se comparer ou ne serait-ce que de se situer par rapport à l’environnement international. Si l’on veut au contraire stagner, voire régresser, il faut faire exactement ce que l’on fait en Tunisie.

1- Se mentir à soi-même à travers des slogans creux tels ceux imposés par le Fonds monétaire international (Fmi) prétendument pour améliorer le niveau et nous en constatons régulièrement les dégâts.

2- Dans le monde entier tous les ministres de l’Enseignement supérieurs qui se respectent ont déjà tout décortiqué de ce classement. Il y en a parmi eux qui, bien avant sa parution, n’arrêtaient leur valse d’aller-retour entre la Chine et leurs pays respectifs, chacun pour expliquer la spécificité de l’enseignement dans son pays pour que l’on en tienne compte dans ce fameux classement.

3- Pendant ce temps, en Tunisie, on discute d’autre chose, d’autre temps. On occulte, comme à l’accoutumée, les chiffres. On brade à tout vent les diplômes. Les équivalences avec les diplômes nationaux continuent à être une promenade de santé.

4- La majorité vous sort l’argument désormais classique. Les critères de Shanghai sont trop durs et ne tiennent pas compte de la qualité de l’enseignement, comme si en Tunisie, cette notion a encore un sens et j’en passe.

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Une université aux prises avec les tiraillements politiques.

Aucune université tunisienne parmi le Top 500

Les critères sont au nombre de quatre, chacun est affecté d’un facteur de pondération dont le total est égal à 100. La première université, Harvard, est affectée du coefficient 100 à partir duquel sera déduit celui des autres universités que, malheureusement, je ne pourrai pas mettre toujours entre parenthèses car il n’est indiqué dans le classement officiel que pour les 100 premiers.

La Tunisie, cette fois-ci n’aura pas d’argument pour justifier qu’elle ne figure pas encore dans ce classement car trois universités d’Arabie Saoudite, respectivement à la 212e, 332e et 333e places y figurent, trois universités de l’Afrique du Sud (257, 389 et 471) et la grande nouveauté, l’université du Caire (405) dont le classement dans le Top 500, nous réjouit mais fait du mal aux autorités tunisiennes qui sont maintenant dans l’obligation de donner des explications.

Moi personnellement, j’ose espérer que la situation de l’enseignement supérieur de la Tunisie et surtout des responsables de tout ce mensonge qui appartiennent, il faut le reconnaître, aux vestiges de l’ancien régime, prenne deux minutes du temps précieux des membres de l’Assemblée nationale constituante (Anc). Une durée beaucoup moins importante que cette «notion de complémentarité» dont ils ont qualifié la femme, Dieu seul sait pourquoi et qu’ils nous montrent et prouvent surtout qu’ils ont d’autre préoccupations que celle-ci pour l’avenir de notre pays.

Je reviens au classement de Shanghai. Il y a dans le Top 10, 8 universités américaines (dotées d’un coefficient allant de 100 pour la 1ère à 57,2% pour la 8e qui est en fait 9e dans le Top 10) et 2 anglaises (69,8 pour la 1ère qui est en fait 5e dans le Top 10 à 56% pour la 2e qui est en fait 10e dans le Top 10).

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Des diplômes bradés.

3 universités israéliennes parmi le Top 100

Quatre remarques s’imposent:

1- les universités anglo-saxonnes et saoudiennes sont privées alors que les universités françaises, suédoises, norvégiennes, finlandaises… sont publiques;

2- la seule université indienne dans le Top 500 est classée 323e;

3- il en est de même de la Turquie où seule l’université d’İstanbul figure dans le Top 500 et elle est classée 417e ;

4- Israël dispose de 3 universités dans le Top 100 classées successivement 53e, 78e et 93e.

 

Le tableau ci-dessous donne, par pays, le nombre d’universités dans le Top 100 affectées du coefficient de pondération.

 

Pays

Nombre d’universités dans le top 100

(Pondération tenant compte des 4 critères retenus à la base du classement de Shanghai)

Rangs

États-Unis

53 (100 à 24%)

Angleterre

09 (69,8 à 25,5 %)

Australie

05 (30,1 à 24,4%)

57, 64, 90, 93 et 96

Japon

04 (43,8 à 24,4%)

20, 26, 83 et 93

Suisse

04 (43,3 à 25,6%)

23, 59, 69 et 85

Canada

04 (40,8 à 25%)

27, 39, 63 et 92

Allemagne

04 (30,5 à 24,3 %)

53, 60, 62 et 99

France

03 (34,9 à 27,6%)

37, 42 et 73

Suède

03 (33,4 à 26,1%)

42, 73 et 81

Israël

03 (30,5 à 24,6%)

53, 78 et 93

Danemark

02 (33,1 à 25,5%)

44 et 86

Hollande

02 (30,5 à 27,6%)

53 et 73

Norvège

01 (28,9%)

67

Finlande

01 (27,6%)

73

Russie

01 (26,3%)

80

* Universitaire.