L’opérateur privé de téléphonie mobile, Tunisiana a soumis le 26 mars le cahier des charges au ministère des Technologies de l’information et de la Communication. Dans l’espoir d’avoir, lui aussi, sa licence 3G.

Par Zohra Abid


L’aura ou l’aura pas, on le saura dans à peine un mois, car, à l’appel d’offre international lancé, il n’y a eu qu’un seul soumissionnaire et un seul dossier à étudier : celui du premier opérateur mobile tunisien. Le Français Free, qui avait eu l’intention de soumissionner, lui aussi, n’a finalement pas répondu présent.

Un dossier en béton

Les chances ne peuvent jusque-là qu’être au côté de Tunisiana qui semble avoir un dossier en béton et le bon profil pour la licence 3G pour le mobile et pour l’installation et l’exploitation d’un réseau téléphonique haut débit fixe.

Jusque là, Tunisiana est le seul des 3 opérateurs (Orange et Tunisie Telecom) à ne pas profiter de cette licence. Fort de ses parts de marché dans le mobile (60%), Tunisiana a d’autres ambitions : conquérir, lui aussi, un autre terrain de l’avenir. «Pour ce, il nous faut la licence 3G», a dit à Kapitalis, Kenneth Campbell, directeur général de Tunisiana.

Racontez-moi la politique Tunisiana

Pour M. Campbell, cela serait bien mérité. «Il y a 10 ans, Tunisiana a vu le jour dans le pays. En peu de temps, nous avons su, grâce à une politique citoyenne, conquérir le marché», dit le Canadien. Selon lui, le premier opérateur privé a fait, dès le départ, son choix en s’engageant dans une démarche citoyenne évolutive et en respectant des valeurs essentielles de fierté et d’appartenance.

«Il s’agit d’une responsabilité sociale et environnementale. Tunisiana a cherché à s’impliquer dans le société tunisienne, à mettre sa responsabilité au service des citoyens, à valoriser les talents des collaborateurs et à respecter l’environnement», dit encore M. Campbell.

Vous êtes vraiment prêts ? Réponse du directeur général de Tunisiana : «Techniquement, nous sommes prêts. Nous avons l’expérience, la bonne équipe et les clients et nous avons les moyens… En 2011, le chiffre d’affaires de Tunisiana a atteint 1,1 milliard de dinars…» (contre 964 millions de dinars en 2010), a-t-il déclaré. Et de s’enorgueillir : «Tunisiana offre près de 2.000 emplois directs. Et le double d’emplois indirects (entre fournisseurs, agences, partenaires et autres sociétés qui font les équipements)».

Couvrir les régions et créer des emplois

Pour Kenneth Campbell, la licence sera pour le business de Tunisiana «comme l’oxygène». Et sans cette licence «Tunisiana sera triste (un petit sourire, Ndlr). Avec la 3G, on va donner de nouvelles fréquences, un nouveau plafond de croissance et on peut investir davantage et créer une meilleure concurrence. On sera 3 opérateurs d’un certain niveau», plaide M. Campbell.

Souvent, il y a des pannes à Tunisiana, que répondez-vous ? «La qualité du réseau reste notre première occupation, c’est un peu lié à la 3G. Avec ce nouveau réseau, une autoroute qui va s’ouvrir devant nous ; on va prendre de la vitesse ; il y aura de la fluidité pour l’Internet et on va avoir une meilleure fréquence».

Le dossier de Tunisiana présenté le 26 mars au gouvernement semble défendable. Pensant à une couverture de l’internet dans les régions est une belle carte à jouer et qui va séduire le gouvernement. «Pour ceux qui souhaitent investir dans les régions, il leur faut une bonne couverture afin qu’ils puissent être connectés. Il y a différentes technologies pour l’accessibilité à l’Internet dans ces zones. Et il est de notre devoir d’aller le faire dans les régions», soutient M. Campbell, qui ajoute que Tunisiana est capable et au point pour offrir de nouveaux services.

Rattraper le temps et se préparer pour la 4G

Ne manquant pas d’ambitions, le directeur général a confiance en sa boîte et il veut aller de l’avant. «En 2000, le 1er réseau de la 3G, notamment en Europe, a vu le jour. Dans les 2 ans à venir, il y aura la 4G. Nous sommes prêts à nous investir davantage pour rattraper vite le retard. Pour le moment, notre objectif premier est la 3G».

A ce sujet et avant qu’il ne présente le cahier des charges, M. Campbell a déjà rencontré, à deux reprises, Mongi Marzouk, ministre des Technologies de l’information et de la Communication. C’était, selon lui, pour comprendre mieux «les objectifs politiques de l’introduction en bourse et de la vision de l’avenir, la création d’emplois, la formation et autres qui aideraient les jeunes à s’en sortir. Le programme des Applications va aider les jeunes, même, à créer leurs propres Pme», ajoute M. Campbell, qui a déjà pensé à offrir un service via des SMS pour les offres d’emplois. «Nous avons lancé une opération de proximité pour offrir le maximum d’opportunités aux jeunes. En un seul mois, via SMS, il y a eu 530.000 inscrits pour recevoir des offres d’emplois», poursuit-il.

Avec 6 à 7 millions d’abonnés, des offres agressives et grâce aux bonus, les prix Tunisiana sont, selon M. Campbell, beaucoup moins chers que les autres concurrents. «Nous avons 60% du marché, leader de la téléphonie mobile, et nous méritons cette licence. J’espère qu’on va l’avoir et que nous pourrons lancer notre première opération avant Ramadan», a dit M. Campbell qui se projette déjà dans le futur. C’est tout le mal qu’on souhaite à Tunisiana.