Selon les enquêtes préliminaires, les armes saisies ces derniers jours étaient stockées dans l’intention d’être utilisées le moment voulu pour… fonder un émirat islamiste en Tunisie. Rien que ça…

Par Zohra Abid


 

Ces informations ont été rapportées par Ali Laârayedh, ministre de l’Intérieur, lors d’un point de presse, lundi en fin d’après-midi, au siège de son département, à Tunis. Selon lui, les événements de Bir Ali Ben Khalifa, au cours desquels deux éléments terroristes ont été abattus et un troisième fait prisonnier, ont permis de lever le voile sur un réseau d’apprentis terroristes, composé de jeunes âgés de 20 à 30 ans et dont le niveau scolaire ne dépasse pas le secondaire.

Des liens avérés avec l’Aqmi

Les enquêtes, qui se poursuivent encore, ont révélé jusque-là que ce groupe a des relations en Libye et au sein d’Al Qaïda au pays islamique (Aqmi), très actif dans la bande sahélo-saharienne. «Il se peut qu’ils soient en contact avec d’autres groupes en Algérie. Nous ne minimisons pas cette affaire et nous n’avons pas, non plus, à lui donner plus d’ampleur. Nous sommes vigilants et toutes nos forces veillent à la sécurité des citoyens», a affirmé le ministre.

M. Larayedh a annoncé l’arrestation de 12 personnes dont la plupart ont été condamnées pour terrorisme dans le cadre des événements de Soliman (décembre 2006-janvier 2007). «9 autres individus courent encore dans la nature. On pense que 8 d’entre eux sont en Libye et le neuvième en Algérie. Parmi ces personnes condamnées auparavant, il y a ceux qui ont terminé leur peine et d’autres qui ont bénéficié de l’amnistie générale décidée par le gouvernement provisoire après la révolution», a expliqué M. Laârayedh. Certains de ces jeunes sont partis en Libye pour soutenir les «thouar» (révolutionnaires) durant la guerre civile dans ce pays, qui s’est terminée par la chute du régime de Mouammar Kadhafi. D’autres ont été dans ce pays pour s’entraîner dans des camps, a encore précisé le ministre de l’Intérieur. L’essentiel des armes saisies viennent d’ailleurs, de la Libye. Mais pas seulement !


Ali Laâredh en conférence de presse lundi 13 février

Un stock d'armes impressionnant

34 armes, 275 cartouches de kalachnikov, 219 cartouches de révolver, des billets de banque (62.200 dollars, 1.250 lires libyennes et 3.060 dinars tunisiens, soit au total l’équivalent de 90.000 dinars) ont été saisis suite aux événements de Bir Ali Ben Khlifa, qui ont fait 4 blessés du côté de l’armée et une personne de la Garde nationale.

«Nous avons fait tout notre possible pour qu’il n’y ait pas de sang versé, mais nos forces ont été contraintes de tirer. Cette chasse a fait deux morts parmi les éléments armés. Nous en sommes navrés. N’empêche que nous allons poursuivre notre enquête. Peu importe les idées des personnes ou les idéologies dont ils se réclament, ceux qui nuisent à la sécurité de nos concitoyens et à la sécurité de l’Etat seront arrêtés et poursuivis en justice», a déclaré le ministre. Traduire : l’idéologie islamiste dont les éléments armés se réclament ne saurait constituer une circonstance atténuante.

M. Larayedh a rappelé que des armes ont également été saisies dans les aéroports ou au poste frontalier Dehiba, dans le gouvernement Tataouine. Mais d’autres ont pu être passées clandestinement dans les voitures qui n’ont pas traversé légalement les frontières tuniso-libyennes pendant que les forces de sécurité tunisiennes étaient occupées par le passage de près de 2 millions de réfugiés fuyant la guerre en Libye.

Combien d’armes circulent encore dans le pays ? Il n’y a pas encore d’estimation officielle. Mais il ne faut pas oublier que pendant les premiers jours de la révolution, il y a eu des braquages et des vols d’armes dans des postes de police, a rappelé M. Laârayedh.

Selon le ministre de l’Intérieur, en 2011, 600 armes ont été volées et seulement les 2/3 ont été rendues aux autorités. Il reste donc quelques 200 armes à trouver. «Nous donnons deux semaines à tous ceux qui possèdent illégalement une arme pour les rendre au poste de police le plus proche. Ces 15 jours passés, toute personne prise en flagrant délit d’usage ou en possession d’arme, sans autorisation, sera arrêtée et jugée», a-t-il prévenu.