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L’après Saïda Agrebi, ancienne présidente de l’Association tunisienne des mères (Atm), se dessine différemment. On saura un peu plus le 9 avril, à l’occasion de la tenue du premier congrès après la révolution.


Aux Jardins d’El Menzah, au quartier huppé d’El Manar I, plus précisément à la rue des Mères de Tunisie, les femmes font le ménage dans leur maison, essaient d’effacer le tableau sombre et tout ce qui leur rappelle le passé «benalien» de l’Atm (on l’espère bien!) pour redémarrer sur de nouvelles bases, recouvrer une certaine crédibilité et restaurer la réputation de leur organisation ternie par l’ancienne présidente et sa camarilla.

Effacer le legs de Saïda
On s’est tout d’abord attaqué au nom de l’organisation, qui a longtemps collé à celui de Saïda Agrebi, et qui est difficile à porter aujourd’hui, au risque de nuire davantage à son image. Le O remplace le A et l’Atm devient l’Otm (Organisation tunisienne des mères). L’organisation a tout simplement repris son premier nom avant l’avènement de l’ex-présidente.
L’après Saïda Agrebi s’annonce selon le comité provisoire (dirigé par Rafika Khouini) sous une autre couleur. Un premier congrès exceptionnel aura lieu le 9 avril prochain au siège de ‘‘Joie de vie’’ qui accueille les enfants handicapés. Au programme: l’élection d’un nouveau comité de direction et d’un nouveau bureau exécutif de l’organisation. Et ce n’est pas tout! En ce qui concerne le changement du logo, il y aura, au cours du congrès, une demande auprès du ministre de l’Intérieur.
Pour ceux (et celles) qui sont passés par la rue des Mères ont sans doute constaté que la couleur mauve n’est plus de mise et qu’il n’y a plus que les drapeaux rouge et blanc du pays.

Les anciennes défoncent les portes
Pour revenir à Saïda Agrebi, qui n’a pas donné signe de vie depuis le 14 janvier  – elle a été arrêtée (déguisée) le 9 février dernier à l’aéroport de Tunis-Carthage alors qu’elle s’apprêtait à fuir le pays après la chute de son tuteur chéri et grand ami, l’ancien président Ben Ali  –, elle semble faire de la résistance à distance. Tout comme ses partisanes. On dit qu’elle est soit en prison, soit en résidence surveillée. Pourtant, de temps en temps, elle se manifeste pour dire qu’elle est encore là.
Selon le bureau de presse de l’Otm, elle a souvent envoyé  des messages et des courriers et a même proposé des dons pour venir en aide aux familles et mères démunies.
Saïda Agrebi cherche par tout moyen de se refaire une virginité, mais elle ne sait pas que la boucle est bouclée, que la partie est finie et qu’il est très tard pour se rattraper. Le 5 mars dernier, lors de l’assemblée générale où on a essayé d’expliquer la situation et de faire un P.V., quelques résistantes de l’ancienne direction (et du régime) ont surgi et essayé de perturber la séance, de manière à pouvoir se repositionner comme si de rien n’était. Selon encore la même source, tout le monde se demande comment l’ancienne patronne a pu envoyer des courriers alors qu’elle a été arrêtée et sous haute surveillance.
Une chose est sûre: Saïda Agrebi, qu’elle soit coupable ou pas, n’aura plus jamais sa place à l’Otm ou ailleurs. La femme de fer, qui a mené à la baguette tout le monde (et en bateau) n’a aucune chance pour revenir. Car, tout son mérite (et sa puissance présumée) résidaient dans ses relations avec le président déchu et son clan. Inutile d’ajouter que ces derniers ne peuvent plus rien pour elle et pour ses semblables.

A quand le procès de la présidente sortante?
Les mères de Tunisie attendent impatiemment le procès de leur ex-présidente, un procès qui tarde malheureusement à venir, comme ceux des autres anciens symboles du régime impliqués dans des affaires d’abus de pouvoir et de corruption. Aller chercher pourquoi !
Les mères, qui veulent rompre avec la «période mauve», souhaitent qu’on en finisse rapidement et qu’on entame une autre ère sur des bases solides et surtout que cette organisation soit gérée avec plus d’esprit collégial et de transparence.
Pour Rafika Khouini, cette organisation reconnue mondialement doit continuer à œuvrer pour le bien des mères et des familles démunies.

Zohra Abid