Les banques tunisiennes sont dans une situation financière délicate, les établissements publics étant dans un état plus inquiétant que celui des privés.

 

C'est Ezzedine Saidane, expert économique et financier, qui a tiré cette sonnette d'alarme, en marge d'un séminaire tenu mardi, à Tunis, sur le thème : «Innovation dans le secteur bancaire et gestion des risques». 

10 milliards de dinars de créances classées

«Il est temps d'appliquer les règles prudentielles en matière de gestion des risques bancaires, d'autant que le taux des créances classées a atteint, à la fin 2012, environ 19% du total des engagements des banques, l'équivalent de 10 milliards de dinars», a averti M. Saidane. Pour cet expert, ancien directeur général de la Biat, le coût de ces créances va peser lourdement sur l'économie nationale.

Le rendement du secteur bancaire et sa capacité à gérer les risques figurent parmi les critères retenus par les agences de notation dans leur évaluation des économies, a encore fait savoir M. Saidane.

Les principales agences de notation internationales Standard and Poor's (SP) et Moody's ont abaissé, en février dernier, la note souveraine de la Tunisie à "BB-" contre "BB", assortie d'une perspective négative pour la première, et de "Baa3" à "Ba1", pour la seconde, en raison notamment l'absence de visibilité et de la crise politique qui secoue le pays particulièrement depuis l'assassinat de l'opposant Chokri Belaid, le 6 février dernier.

M. Saidane a indiqué que l'investissement dans les compétences humaines et la technologie sont à même d'assurer une meilleure maîtrise de la gestion des risques financiers. «La valeur de tels investissements demeure limitée par rapport aux bénéfices tirés par les banques», a-t-il encore précisé.

Adopter les normes prudentielles «Bâle II»

Selon cet expert, l'autorité monétaire en Tunisie (Banque centrale de Tunisie) est appelée à mettre en œuvre une stratégie visant à même d'aider les banques tunisiennes à adopter les normes «Bâle II» (dispositif prudentiel destiné à mieux gérer notamment les risques de crédit) pour mieux appréhender les risques et rattraper le retard pris dans ce domaine.

Dans son rapport mensuel sur la situation économique et financière dans le pays du mois de février, la BCT a noté que l'encours des dépôts a connu une décélération (soit 0,2% en janvier 2013, contre 4,9% en décembre écoulé). Cette décélération a touché essentiellement, l'encours des dépôts à vue et celui des comptes à terme.

Les concours à l'économie ont connu également, la même tendance en enregistrant une quasi-stagnation (0,2% contre 0,7%), en rapport surtout avec la baisse des crédits à court terme et la stagnation des crédits à moyen et long termes.

I. B. (avec Tap).