Moez Ben Salem Et si les massacres perpétrés samedi à Homs par l’armée syrienne sur d’innocents citoyens étaient comme ceux de Timisoara en Roumanie, il y a 22 ans : une mystification ?


 

En regardant les terribles images véhiculées par certaines chaînes de télévision, notamment Al Jazira, concernant de supposés massacres perpétrés la veille dans la ville de Homs par l’armée syrienne sur d’innocents citoyens, je me suis remémoré un évènement survenu il y a 22 ans à Timisoara en Roumanie.

C’était en décembre 1989, à la veille du réveillon de Noël, je terminais un stage à Paris.

Alors qu’en Roumanie tombait la dictature de Nicolae Ceausescu, à l’instar de millions de téléspectateurs, je découvrais avec horreur les images d’un charnier où, affirmaient les envoyés spéciaux, gisaient des corps affreusement torturés. On parlait alors de 4.000 morts pour la seule ville de Timisoara !

Sauf qu'un mois plus tard, un scandale éclatait : les images atroces du charnier de Timisoara, en Roumanie, étaient le résultat d’une affreuse mise en scène ; les cadavres alignés sur des draps blancs n’étaient pas les victimes des massacres commis quelques jours plus tôt, mais des morts déterrés du cimetière des pauvres et offerts complaisamment à la nécrophilie de la télévision !

La course au sensationnel a conduit certains médias jusqu’au mensonge et à l’imposture, entraînant dans une sorte d’hystérie collective l’ensemble des médias. Il fallait en retenir une grande leçon de morale et d’éthique !

Il n’est nullement dans mon intention de défendre le régime sanguinaire de Bachar El Assad, mais je ne peux m’empêcher de me poser certaines questions : comment ce régime aurait-il pu commettre un tel carnage à la veille d’une réunion cruciale du conseil de sécurité consacrée au vote d’une résolution condamnant le régime syrien ? Bachar El Assad est-il suicidaire à ce point ?

Ce qui est également étonnant, c’est que la Tunisie se soit précipitée à rompre ses relations diplomatiques avec la Syrie avant même d’attendre les résultats de ce vote ! La position de la Tunisie dans l’échiquier international serait-elle devenue si importante au point de pouvoir influencer un vote au conseil de sécurité et éviter notamment un véto de deux puissances de premier rang, en l’occurrence la Chine et la Russie ?

La Tunisie n’a-t-elle pas été elle même influencée dans sa décision hâtive ?

N’étant ni politicien ni diplomate, je ne suis pas en mesure de juger de l’opportunité de la décision tunisienne ; par contre, il me semble que notre pays aurait pu attendre quelques jours avant de rompre éventuellement avec le régime syrien.

Et s’il se révélait que les images terribles de Homs n’étaient pas la conséquence d’un bombardement syrien sur des civils innocents mais plutôt celle d’une mise en scène macabre ? Notre diplomatie en recevrait un très mauvais coup !