Aida Bouchadakh écrit – Mesdames, messieurs les parlementaires, il est bien étonnant d’entendre des discours enflammés demandant plus de prérogatives pour le président de la République.


Je m’attendais à ce que vous cherchiez à développer vos prérogatives, vous représentants du peuple, élus au suffrage universel direct… Et pourtant… certains d’entre vous cherchent à développer les prérogatives du président qui n’est pas élu en tant que tel au suffrage universel direct. C’est bien étonnant…

Ne s’agit-il pas plutôt d’essayer de semer la zizanie au sein de la «Troïka» et de changer la structure de la majorité ?

Ne serait-ce pas plutôt une façon bien machiavélique de vouloir s’accaparer le pouvoir et faire fi des résultats des élections ?

Ça en a tout l’air en tout cas.

Permettez-moi de vous poser une question : si peu de monde connaît le nom du président de l’Italie ou de l’Allemagne, par exemple, dont les pouvoirs relèvent du symbolique, est-ce pour autant que ces pays deviennent des états dictatoriaux dans lesquels les pouvoirs politiques sont déséquilibrés ?

Il faut bien avouer que différents systèmes politiques peuvent exister, tout autant démocratiques les uns que les autres.

Seul le peuple est habilité à choisir entre les différents systèmes, soit directement, soit indirectement, via ses représentants légitimement élus et qui sont les membres de la constituante.

Aujourd’hui, vous êtes invités à vous prononcer sur un projet provisoire, ne pourriez-vous pas accepter tout simplement le verdict de la majorité et nous faire l’économie des polémiques stériles ?

Ça serait faire preuve de fair-play et montrer preuve de sens des responsabilités.

D’ailleurs, dans les pays dans lesquels le président a des pouvoirs étendus, il est élu directement par le peuple au suffrage universel direct.

C’est sa légitimité directe qui lui permet de justifier les pouvoirs auxquels il peut prendre.

Par ailleurs, si le président refuse de signer une loi, il est normal qu’elle revienne au parlement, qui détient le dernier mot.

Je voudrais vous rappeler que le Roi Baudouin, Roi de Belgique, ne voulant pas contresigner la loi sur l’avortement pour des considérations éthiques a dû déclarer son incapacité de régner pendant une journée, le temps de faire passer la loi uniquement par voie parlementaire et ce sans exiger une majorité plus étendue.

Il est bien évident que le parlement est le temple de la démocratie et malheur au peuple qui le marginalise.

Le peuple suit de près les débats en cours et sanctionnera lors des prochaines élections les partis qui se croient au-dessus de tous.

Salutations distinguées.