Abdallah Jamoussi Pour éviter l’émiettement du pays, rétablissons l’équilibre entre les pouvoirs. Pas d’hégémonie présidentialiste ou parlementariste. La solution serait dans un régime équilibré et modéré.


Pour certains intellectuels le bonheur ne peut s’accomplir en présence d’une autorité patriarcale imposante et dominante. Ceci les frustre et inhibe leurs fantasmes créateurs. Une censure par-ci, une autocensure par-là, et on finit par longer le mur et se ranger.

Oedipe ruiné par sa gloire

On est pourtant nombreux à demander la décapitation du pouvoir, non par nihilisme ou anarchie, mais par fanatisme intellectuel et obstination vis-à-vis des limites établies. Seulement, avec le temps, les gens deviennent modérés. En l’on se pose bien la question à propos de la réalité occultée par nos rêves compensateurs de notre manque, dans un monde mercantile, lequel a lui aussi ses rêves plus voraces jamais rassasiés. En face de ce monstre, ceux des révoltés contre l’Oedipe ruiné par sa gloire sur le Sphinx, ne font qu’une bouchée...

Eh, oui, il y aura toujours les travers de cette humanité inachevée et dont les humbles rêveurs font partie. Malheureusement, tout porte à croire que tout est devenu une affaire de marché et qu’en fin de compte, on nous vend des rêves en contrepartie de notre réalité.

Passer d’emblée d’un régime patriarcal, oligarchique et castrateur à un mode parlementaire hydre à trois têtes soudées, et tellement pesantes qu’on devrait les colporter par des tentacules ramifiées à des niveaux stratifiés tant sur le plan politique que sur le plan morphologique des centres de pouvoir ; c’est qu’il ne reste qu’un pas à franchir pour déclarer une dictature en métastase. C’est de cette manière qu’avant Atatürk, l’empire malade fut cabré pour l’envoyer s’anéantir dans les neiges de la Russie.

Au nom du partage équitable du pouvoir entre partis, nous aussi pourrions assister à la volonté du peuple uni divisée et ballottée au nom de la sacrée tutelle des partis claniques sous une forme teintée de modernisme blafard.

Evitons les douleurs d’un pays déchiqueté

Le rêve des assoupis ne pouvait être retenu ni interprété. Il faut dire qu’il serait question d’une restructuration d’un pays qui fut uni à l’en-dehors des cadres partisans et en manque d’idéologie... En manque de tout et en léthargie ; pour ne pas dire partis désaffectés.

Soit-on au point de morceler notre pays en cantons politiques afférents à des querelles intestines, comme au Liban, en Irak et au Soudan ? Bientôt, ces pays se verront émiettés davantage. Nous aussi en Tunisie, nous sommes menacés par ce fléau !

A cet effet, je propose que l’on rétablisse l’équilibre. Pas d’hégémonie présidentialiste ou parlementariste. La solution serait dans un régime équilibré et modéré. Et pour protéger notre autonomie territoriale, aussi bien que notre unité nationale sur le point d’éclater, nous aurions besoin d’un président élu par le suffrage universel, soit par le peuple. Et cessons de rêver avant que l’on se réveille par les douleurs d’un pays déchiqueté.