Aida Bouchadakh* écrit – Ennahdha pense qu’en limitant les prérogatives du président de la République au strict minimum, on prémunit le pays contre les excès d’une hyper-présidence.


Après la mise en place de l’Assemblée constituante issue des élections du 23 octobre 2011, la Tunisie se cherche.

La coalition entre Ennahda, le Cpr et Ettakatol semble ne pas être au point, en ce sens que les prérogatives du président de la République ne semblent pas faire l’objet d’un consensus.

Ennahdha et son régime parlementaire

En effet, Ennahdha a été très claire par rapport à son choix, à savoir un régime parlementaire.
Les partis qui ont accepté de faire partie de cette coalition savaient à quoi s’attendre, à moins qu’on estime que ce sont les partis grands vainqueurs qui doivent s’adapter aux partis mois représentatifs…

La démocratie permet de représenter les minorités mais les minorités ne dictent pas leurs lois à la majorité.

On est en droit de s’attendre à ce qu’Ennahdha essaye de mieux faire comprendre les avantages du régime parlementaire qui permet de tourner définitivement la page du passé douloureux de la Tunisie. Un passé pas très lointain marqué par une présidence omniprésente, omnipotente et capricieuse par-dessus le marché.

Le président était un quasi monarque absolu, aussi ne faut-il pas hésiter à limiter ses prérogatives au strict minimum afin de se prémunir contre ses excès.

Quand on étudie l’histoire politique de l’Europe, on constate que les monarchies n’ont pu survivre qu’au prix d’une réduction draconienne des pouvoirs des monarques et que les pouvoirs des présidents ne sont étendus que dans le cas où ces derniers sont élus directement au suffrage universel.

Il faut savoir choisir, soit le président est élu par les membres de l’Assemblée nationale et, dans ce cas, ses pouvoirs sont très limités, la responsabilité de la politique en cours est imputée aux partis au pouvoir et est assumée par le Premier ministre, qui peut sauter à tout moment.

Le président a un titre honorifique et représentatif du pays vis-à-vis du reste du monde. C’est le cas en Allemagne et en Italie. C’est également le cas des monarchies belge, anglaise, suédoise… en ce qui concerne les prérogatives des rois et reines au pouvoir.

La nostalgie du père de la nation

Si la Tunisie a la nostalgie du père de la nation. D’un président qui peut être ne fait plus la pluie et le beau temps mais qui pèse sur l’échiquier politique, alors il faudrait qu’il soit élu au suffrage universel direct.

Il serait préférable même de coupler les élections législatives et présidentielles afin d’éviter aux maximum les cohabitations forcées.

Tel fut le cas en France durant le second mandat du président Mitterrand.

Il est bien évident que chaque système a ses avantages et ses inconvénients. Il serait vraiment fâcheux que le président soit élu par les parlementaires et qu’il ait des prérogatives importantes sans toutefois engager sa propre responsabilité.

Ça serait un déni de démocratie.

Soyons lucides, la Tunisie ne pourrait-elle pas se passer d’un père de la nation. Le peuple tunisien n’est-il pas majeur et vacciné ?

* Comptable à la Nationale Suisse – Bruxelles.