«Celui qui nous trompe ne peut être des nôtres», disait le prophète Mohamed. Que dire alors de responsables qui trompent leurs concitoyens musulmans sur le début du mois saint de ramadan?

Par Béchir Turki


Scientifiquement, la nouvelle lune de ce mois saint de l’an 2012 ne peut être observée, le jeudi 19 juillet sur tout le territoire tunisien. Le coucher du soleil, ce jour-là, a eu lieu à 19h35, et à cet instant la lune a déjà plongé au-delà de la ligne de l’horizon, une minute auparavant.

A-t-on vraiment vu le croissant de lune?

Sur son site web, notre Institut national de météorologie (Inm) a clairement annoncé que le vendredi 20 juillet ne peut être le premier jour de ramadan. Et pour cause: la lune est quasi-absente, jeudi, du champ visuel sur une grande partie du globe terrestre, y compris l’ensemble du monde musulman, dont la Tunisie. L’Inm indique certes que le croissant a pu être vu dans toute la région d’Amérique Latine, mais est-ce suffisant pour décréter le commencement du mois de ramadan. La question pouvait au moins faire débat.

Cela n’a pas empêché nos gouvernants de faire annoncer à la télévision, ce jeudi 19 juillet, vers 20 heures, et comme habituellement par le mufti de la république, Othman Batikh, le début de ramadan pour le lendemain, alors que d’habitude cette nouvelle est diffusée à plus d’une heure après le «maghreb» (coucher).

Le mufti de la république Othman Battikh a la lourde tâche d'annoncer le début de ramadan.

Clientélisme politique et allégeance diplomatique

Il est donc clair que cette décision n’a pas été prise suite aux prévisions des calculs scientifiques, ni suite aux résultats des témoignages des observateurs visuels au moment du coucher du soleil comme à l’accoutumé, mais décidée d’avance en s’alignant sur l’Arabie Saoudite et le Qatar.

Comme quoi, le début du mois saint de ramadan est désormais soumis à des considérations de clientélisme politique et d’allégeance diplomatique!
Le lendemain au cours des prêches du vendredi, certains imams ont osé prétendre, certainement sur les recommandations de leur hiérarchie, que le calcul scientifique n’est pas rigoureux et pourrait être entaché d’erreurs, avec des justifications à la noix.

Othman Battikh chez le président de la république provisoire.

Quelles sottises et quels gros mensonges proclamés du haut des minbars!