A propos de la remise de l’ex-Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi aux autorités libyennes: beaucoup de bruit pour rien…

Par Aida Bouchadakh


De grâce, faites sécher ces larmes de crocodile que je ne saurai supporter...

Ainsi donc, les Tunisiens, ceux qui se sont soulevés contre un dictateur, le mal nommé Zine El Abidine Ben Ali. Ceux qui ont remis à plat tout un système, devraient se montrer contre leur volonté, solidaires du bras droit de l’ex-dictateur de notre voisin libyen.

C’est à se tordre de rire.

Les Libyens n’auraient donc pas le droit de juger leur dictateur de ses méfaits.

Comment peut-on, dès lors, réclamer l’extradition de Ben Ali, de Sakher El Materi ou en encore de Belhassen Trabelsi...

C’est à perdre son latin, à moins que l’objectif principal de ce pseudo intérêt pour cette personne est d’assurer une présence médiatique et d’occuper la scène ne fut ce que quelques instants.

Les Tunisiens sauront se rappeler de ce manège et sanctionneront tous les irresponsables, affligés par cet affront, lors des prochaines élections...

Cette épreuve permettra aux uns et aux autres de reconnaître les hommes d’Etats, ceux qui sont capables de prendre les mesures nécessaires pour assurer l’avancement de leur nation et la sauvegarde des intérêts de leur pays...

Quant aux autres, l’histoire se chargera d’eux.

Note de la rédaction:

Personne, en tout cas dans ce site, n’a demandé l’impunité pour Baghdadi Mahmoudi, ou renié au peuple libyen le droit de juger l’ex-Premier ministre de Kadhafi. Ce qui pose problème, c’est le fait de livrer cet homme à un pays où les conditions minimales requises pour un procès équitable ne sont pas réunies. Un peuple civilisé – et les Tunisiens se doivent de l’être – ne livre pas un homme, fut-il le pire des criminels, à un pays encore aux prises avec des bandes armées et où la torture et la violence sont quotidiennes.

Et puis, les tractations qui ont précédé cette extradition, à Tunis et à Paris, et qui ont impliqué le responsable actuel des services de sécurité libyens et un dirigeant d’Ennahdha, M. Ferjani (que vient faire Ennahdha dans cette affaire? Ya-t-il des accords ou des contrats secrets?) sont dignes d’un Etat voyou. Elles sont, en tout cas, indignes de la révolution tunisienne.

La Grande-Bretagne, qui est un pays civilisé, n’a pas livré Rached Ghannouchi, et des dizaines d’autres dirigeants islamistes, à la Tunisie de Ben Ali, alors que ces derniers étaient demandés par la justice tunisienne qui les accusait de constitution d’un groupe terroriste ayant commis des attentats à Bab Souika et à Monastir!

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