Le verdict dans le procès de Nessma TV vient d’être reporté au 3 mai, qui coïncide avec la Journée mondiale de la liberté de presse! Ce procès pose des questions sur le sort de la liberté d’expression en Tunisie.

Par Fakhfakh Haykel*


En octobre dernier, le patron de Nessma TV, Nabil Karoui, a diffusé un film d’animation franco-iranien ‘‘Persepolis’’ qui n’est pas passé inaperçu malgré la faible audience de la chaîne.

Depuis la chaîne a attisé les foudres des salafistes et des conservateurs tunisiens et son patron a été traîné devant la justice maintes fois pour avoir diffusé un film qui représente dieu; ce qui est une chose proscrite en islam, selon certains fondamentalistes religieux.

Les dérapages de la révolution… iranienne

Bien que le film ait été autorisé par le ministère de la Culture et diffusé plusieurs fois depuis des années dans les salles de cinémas tunisiennes, mais cela n’a pas réussi à calmer la foule et à les convaincre de l’infondé de leurs protestations.

En effet, le film raconte comment la révolution iranienne a dérapé du jour au lendemain vers une dictature religieuse et, comble de l’histoire, c’est que le long métrage a été diffusé peu de temps avant les élections de l’Assemblée nationale constituante (Anc), ce qui donne au procès une connotation plus politique que religieuse.

Certains extrémistes ne se sont pas contentés des tribunes du tribunal pour dénoncer la diffusion du film incriminé, mais ils ont tenté d’incendier la villa du Pdg de la chaîne Nessma et se sont attaqués à son local, sans compter les insultes et les menaces reçues par l’équipe de la station télévisée.

Les positions politiques de la chaîne attisent la convoitise aussi, c’est une tribune libre pour les opinions progressistes et laïques ce qui complique la volonté de l’actuel gouvernement de mettre sa main sur les médias du pays.

Jusqu’où ira la tension entre progressistes et conservateurs?

Aujourd’hui, il y a eu le procès à l’encontre du directeur de la chaîne dans un climat de tensions entre deux groupes, les conservateurs d’un côté et les progressistes qui défendent la liberté d’expression de l’autre, chacun agitant son drapeau et défendant son clan.

Au cours du procès, une avocate islamiste a réclamé la peine extrême pour Nabil Karoui, du jamais vu dans la Tunisie post révolutionnaire!

Le procès se termine avec un nouveau report au 3 mai et comme par hasard la date coïncide exactement avec la Journée mondiale de la liberté de presse !

De nombreuses questions se posent alors sur le sort de la chaîne et de la liberté d’expression en Tunisie... La réponse sera connue dans quelques semaines

* Etudiant faculté de pharmacie Cluj Napoca, en Roumanie.