Rachid Barnat écrit – La Tunisie aurait-elle vocation à subir la domination du Qatar et l’Egypte celle de l’Arabie saoudite ? Après les Français et leurs «lumières», serait-ce le tour des Orientaux et leur obscurantisme ?


Entre le Qatar et l’Arabie saoudienne : les peuples arabophones resteront-ils indépendants ? La guéguerre Qatari/Arabie dans la course à l’hégémonie (‘‘La Tunisie dans le jeu-géopolitique de l’islam’’) se poursuit sur le terrain, dans les pays en révolte.

Le Qatar pousse ses pions en Tunisie

Voilà deux pétromonarchies qui, à coup de pétrodollars et de médias personnels, veulent récupérer les révolutions du «printemps arabe» pour se prémunir d’une probable contagion parmi leurs propres peuples, sous couvert de «rééducation» des populations en révolte à l’islam. Quelle prétention !

Qu’ils commencent par éduquer leurs propres peuples pour les sortir du moyen-âge où ils les maintiennent sous perfusion de religiosité obscurantiste diffusée quotidiennement sur leurs chaines TV, en se servant de la religion comme d’opium pour mieux les endormir et les dominer !

Qu’ils instaurent un minimum de démocratie et de liberté chez eux, avant de vouloir s’occuper des autres.

Après la Tunisie, tombée dans l’escarcelle de l’émir du Qatar avec la complicité de Ghannouchi ; parce que l’émir a mis le paquet pour soutenir son poulain en finançant royalement son parti Ennahdha et en lui faisant une publicité quasi quotidienne en mettant à sa disposition sa chaîne de télévision personnelle Al Jazira (‘‘Quand Al-Jazira roule pour Rached Ghannouchi’’)...

La lutte reprend de plus belle en Egypte où l’émir du Qatar fait tout pour son poulain, du parti des Frères Musulmans grâce entre autres à sa TV personnelle qui passe en boucle des émissions entièrement consacrées à ce mouvement, reproduisant le même modèle de propagande déjà utilisée avec succès pour Ghannouchi et son parti Ennahdha, en Tunisie.

L’Arabie saoudite met le paquet en Egypte

Alors que son rival, le roi d’Arabie qui a eu du mal à s’implanter en Tunisie, s’est retourné vers l’Egypte, où il a mis le paquet pour permettre l’émergence brutale et subite dans le paysage politique égyptien d’un salafisme pur et dur qu’il est entrain d’implanter dans tout le pays, à coup de pétrodollars. Bon moyen pour «convertir spontanément» au wahhabisme les masses populaires démunies, comme l’a fait l’émir du Qatar en Tunisie en pratiquant la « business-charity». Mais aussi par l’envoi en masse de ses cheikhs et imams pour diffuser le wahhabisme sur place, comme il l’a fait en Somalie !

Pour mieux marquer les esprits, quel meilleur message pouvait envoyer le roi d’Arabie aux Egyptiens, et au monde entier, que de convertir une ville entière au salafisme wahhabite et obtenir pour son poulain la majorité écrasante lors du premier scrutin «libre» et «transparent», sortant du néant le parti salafiste Nour, et le classant deuxième parti du pays avec 24,36% des voix, talonnant ainsi les Frères musulmans avec 36,62% des voix ; et çà dans une ville emblématique connue pour être la plus «occidentale» de tout le pays : Alexandrie !

Et dire que ces pétro-monarques prétendent éduquer les Tunisiens et les Egyptiens qui ont été depuis longtemps les phares du savoir et de la modernité du monde dit arabo-musulmans !

Les Tunisiens, mais aussi les Egyptiens, vont-ils admettre de recevoir des leçons de ces monarques dont les peuples n’ont brillé sur la scène internationale que par leur obscurantisme et eux que par leur cupidité ?

Sont-ce des modèles pour les peuples qui veulent avancer ?

Ou cachent-ils leur peur des révolutions du printemps arabe et veulent-ils tout simplement étouffer dans l’œuf leurs désirs de liberté et de progrès ?

C’est cette dernière interprétation qui me semble la bonne.

Ne soyons donc pas dupes et résistons au wahhabisme envahissant !

Et il faut lutter de toutes nos forces pour que Rafik Abdessalam, gendre de Ghannouchi, ne soit pas nommé ministre des Affaires étrangères.

C’est d’abord un népotisme scandaleux, un retour évident aux pratiques de Ben Ali qui ont été combattues par les Tunisiens ; mais c’est aussi extrêmement grave car ce monsieur est de toute évidence inféodé au Qatar puisqu’il a eu de grande responsabilité dans la chaîne privée Al-Jazira de l’émir du Qatar. Et voilà le ministre des Affaires étrangères que l’on voudrait imposer à la Tunisie !

Si le Qatar veut dominer la Tunisie, l’Arabie prend sa revanche en dominant l’Egypte.

La Tunisie aurait-elle vocation à subir une nouvelle colonisation ? Après les Français et leurs «lumières», serait-ce le tour des Orientaux et leur obscurantisme ?