Moncef Marzouki 6

Au président provisoire de la république... bananière qu'est devenue la Tunisie depuis les élections du 23 octobre 2011.

Par Mohamed Bouanane*

«Nous sommes dans un même bateau. S'il coule, nous coulerons tous ensemble» (dixit Moncef Marzouki).

Qui a dit à monsieur le président provisoire de la république que les Tunisiens acceptent de couler et, surtout, de couler à cause (et avec) les irresponsables à la barre du bateau?

Une crise dont il faut être fier

Dans son discours du 4 février, M. Marzouki considère que la Tunisie d'aujourd'hui est une démocratie et que le résultat de 2 ans de transition est très brillant. Il compare la transition en Tunisie à celle du Portugal des années 1970, qui a duré 8 ans, et à celle de la France des 18e et 19e siècles, qui a duré 70 ans. Voudrait-il dire que la transition tunisienne devrait durer la moyenne des durées des deux exemples cités, c'est-à-dire 39 ans?

Le président provisoire – qui dure – nous rassure qu'aucun parti ne veut accaparer le pouvoir ou imposer ses convictions et que tous sont contents de coopérer pour le meilleur du pays... Cette crise est une crise d'un genre nouveau, créatrice de nouvelles institutions et de nouvelles mentalités pour bâtir la Tunisie de demain... Il faut être fier de cette crise, nous dit-il.

En fait, la crise politique actuelle met à la lumière du jour, même pour les aveugles, l'incompétence et la médiocrité inégalées de ceux et celles qui forment le gouvernement le plus nombreux jamais constitué dans l'histoire de l'humanité.

Pour masquer cet échec cuisant d'une bande d'incompétents, le président provisoire se cache courageusement, comme à son habitude, derrière «la responsabilité de tout le monde».

En fin de compte, son discours est plutôt destiné aux irresponsables de la «troïka» et non pas aux Tunisiens qui vivent une réalité autrement désastreuse. C'est la fuite en avant d'un Moncef Marzouki qui vit dans une bulle, à moins qu'il vive dans un autre pays que celui de ses administrés.

Un terrain de chasse des psychopathes wahhabites

La Tunisie est devenue le terrain de chasse préféré des psychopathes wahhabites, invités par leurs affidés tunisiens avec pour mission de les aider à mettre le pays sous la coupe bien réglée de l'extrémisme religieux et de l'obscurantisme intellectuel des «khawenjis» ou Frères musulmans. Ces Tunisiens, qui n'arrêtent pas de faire le commerce de l'islam, sont plutôt des malades mentaux, apprentis de la religion et néophytes en politique, dont la seule expertise réside dans la plomberie dictatoriale, annonciatrice d'une culture de destruction massive : la «ghannoucrature».

J'ai juste trois questions à poser au président provisoire de la république bananière qu'est devenue la Tunisie:

1. Etes-vous satisfait de ce qui arrive à la Tunisie d'après la «révolution», avec le tsunami des problèmes politiques, sociaux et économiques dans lesquels ce pays patauge depuis les élections du 23 octobre 2011 comme dans un marécage puant sur fond de corruption et de crimes contre la république?

2. Voulez-vous que l'histoire retienne votre nom – à tort ou à raison – comme celui qui a favorisé la descente en enfer de notre chère patrie, à cause de votre passivité et de votre opportunisme (certains diront «votre cynisme et immaturité politique»)?

Un bricolage destructeur

Si vous arrivez à répondre par NON aux deux questions précédentes, alors je vous demande: faites quelque chose d'autre, non pas pour vous faire élire à la tête d'un pays qui n'existera plus mais pour remettre un pilote compétent dans l'avion afin de corriger la trajectoire avant le crash annoncé.

Stop à l'opportunisme cynique! Stop à l'amateurisme qui tue! Stop au bricolage destructeur du modèle sociétal tunisien! Stop à l'extrémisme religieux! Stop aux crimes politiques! Stop à la destruction de ce qui reste de notre économie et de notre indépendance fragile! Stop à la culture de l'incompétence et de la médiocrité! Stop au nivellement par le bas! Stop au pourrissement généralisé...

Réveillez-vous, si vous prétendez être un vrai démocrate, et imposez – malgré vos prérogatives limitées (que vous étiez pressé d'accepter) – les choix qui s'imposent au lieu d'essayer de ménager la chèvre et le choux, sinon c'est le loup qui avalera tout le monde. Soyez responsable et arrêtez de formuler des vœux pieux, passez à l'action ou taisez-vous à jamais!

3. Ou alors, attendez-vous le déluge final et le débarquement d'un gouverneur choisi par des puissances internationales pour lui remettre les clés de la maison afin d'instaurer un régime de protectorat ou d'occupation?

* Consultant, conseil en management stratégique.