Rachid Barnat écrit – En 1947, Bourguiba avait conseillé aux Palestiniens d’accepter ce que les Nations Unies leur proposaient : la reconnaissance d’un Etat Palestinien à côté de l’Etat Israélien...

Après 63 ans de lutte pour reconquérir leur pays, les Palestiniens sont réduits à quémander aux Nations unies qu’ils reconnaissent leur Etat, déjà amputé en 1967 d’une grande partie de leur territoire et dont ils étaient prêts à négocier qu’Israël puisse l’amputer encore des colonies qu’il s’est approprié de fait contre l’avis de l’Onu. C’est-à-dire un Etat ayant à peine 20% du territoire que leur accordaient initialement l’organisation internationale en 1948 au moment de la création de l’Etat d’Israël.

L’Histoire a donné raison à Bourguiba

Après son coup de force pour nationaliser le canal de Suez, Nasser est devenu le leader du monde arabe. Bourguiba en lutte pour libérer son pays de la colonisation française, lui a demandé un «coup de main» pour appuyer sa demande d’indépendance auprès des Nations unies et surtout auprès des Américains dont il était l’ami.

Car ce sont les Américains qui ont aidé à la dislocation des empires coloniaux particulièrement l’anglais et le français, pour devenir par la suite les «amis» des pays libérés ; et étendre ainsi leur influence sur eux.

Quelle fut la réponse de Nasser à Bourguiba ? «Qu’il attende que la question palestinienne soit résolue, puis ce sera le tour de la Tunisie». Evidemment Bourguiba n’a pas attendu son tour. L’Histoire lui a donné raison.

Pris par son panarabisme, Nasser va cumuler les fautes. Dont celle de se fâcher avec les Etats Unis pour tomber dans les bras des Soviétiques. Les Etats Unis ont compris qu’il leur fallait un autre allié fiable dans la région : ils vont tout miser sur Israël.

Nasser va séduire d’autres peuples avec son panarabisme dont Bourguiba ne voulait pas, en exportant par la même occasion son mouvement «baathiste» en Irak, en Syrie... Il ira par populisme, jusqu’à l’épuration de l’Egypte des étrangers pourtant bien intégrés (Grecs, Arméniens ... qui ont bâti Alexandrie) et des Juifs, reproduisant la bêtise faite avant lui par Isabelle la catholique en Espagne. Privant son pays de ses meilleurs éléments, persuadé que la société égyptienne doit être arabe et musulmane. Ce qui est absurde quand on sait que ce peuple a une grande composante nubienne et que le pays est le berceau du judaïsme et des premières communautés chrétiennes d’Afrique avec les plus vieux couvents du monde !

Populisme, que ne suivra évidemment pas Bourguiba. Les étrangers et les Juifs, qui ont quitté pour diverses raisons la Tunisie, le firent de leur plein gré.

Nous savons ce qu’est devenu le panarabisme nassériste depuis. Cela a donné : Saddam Hussein en Irak, Hafez el Assad puis Bachar El Assad en Syrie, Kadhafi en Libye... C’est-à-dire des dictateurs qui se sont accaparés les richesses de leur pays qu’ils veulent transformer en République monarchique.

Et là aussi nous mesurons la clairvoyance de Bourguiba de nous avoir préservés de ces illuminés !

Bourguiba était isolé dans le monde arabe dont il ne partageait pas la politique du meneur le Grand Timonier «Rais» Nasser. Il était ridiculisé, moqué, humilié... traité de traître aux «Arabes». Mais il a tenu bon. Et l'Histoire lui a donné raison.

Un Etat Palestinien à côté de l’Etat Israélien

Bourguiba en homme légaliste et réaliste, avait conseillé aux Palestiniens d’accepter dans un premier temps ce que les Nations unies leur proposaient, à savoir la reconnaissance d’un Etat Palestinien à côté de l’Etat israélien, quitte à négocier par la suite le retour des réfugiés... Tout le monde arabe lui avait ri au nez. Pourtant l’Histoire, là aussi, lui a donné raison.

Puisque beaucoup de Palestiniens, après l’échec de toutes les guerres et les différentes «Intifadha» (sursaut), regrettent de n’avoir pas suivi le conseil de Bourguiba. Ils auraient économisé les pertes humaines, les souffrances qu’endure leur peuple depuis plus de 63 ans et les pertes territoriales, s’ils s’étaient montrés raisonnables.

L’Histoire, une fois de plus, donne raison à Bourguiba, puisque les Palestiniens reviennent à la case «départ» pour quémander une reconnaissance par les Nations unies, alors qu’elles voulaient les reconnaître en 1948.

Malheureusement, les Palestiniens vont devoir encore attendre que les équilibres géopolitiques changent pour que les Etats Unis ne bloquent plus par leur veto toutes les résolutions de l’Onu à l’encontre d’Israël.