Siège de l'OMPI à Genève

Les 22 pays arabes ne produisent ensemble que 40% des brevets déposés par Israël et 1% des brevets américains. De là à dire que les Arabes, Tunisiens y compris, sont les cancres du monde!

Par Mohamed Rebai*

Les statistiques en matière de propriété intellectuelle constituent un outil important pour comprendre les tendances commerciales et technologiques dans les différents pays.

D'après l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), le nombre de brevets, excepté ceux afférents aux marques, dessins et modèles industriels, déposés en 2013 par les Chinois est de (734.081), devançant les Américains (501.128), Japonais (473.137), Coréens du Sud (223.517), Allemands (184.475), Français (71.073) Russes (34.065) et Israéliens (12.767).

Le nombre de brevets arabes enregistrés en 2013 se répartit comme suit: Arabie saoudite (3124), Egypte (760), Emirats arabes-unis (416), Maroc (354), Tunisie (218), Jordanie (212), Algérie (138), Qatar (84), Yémen (43), Bahreïn (19), Djibouti (1), Libye (0), Irak (0), Koweït (0), Liban (0), Mauritanie (0), Oman (0), Syrie (0), Somalie (0), Soudan (0). Si nous additionnons tous les brevets arabes, nous arrivons à seulement 5.108.

Ainsi, les pays arabes, qui disposent d'un potentiel humain, géographique et financier énorme, ne produisent collectivement que 40% des brevets déposés par Israël et 1% des brevets américains.

En 2002 le rapport pays arabes/Israël était de 5%. Certes des progrès ont été réalisés mais qui restent dans l'ensemble en-deçà de nos possibilités.

Israël affecte 4,7% de son PIB total à la recherche scientifique, ce qui est le ratio le plus élevé au monde, contre 0,2% pour l'ensemble des pays arabes. D'où une grande mobilité et une capacité d'innovation surprenante chez les Israéliens.

Le drame arabe contemporain est résumé dans ces chiffres. Les Arabes devraient en étudier soigneusement les causes.

Tout le monde en parle, les Arabes ne trouvent pas mieux que d'exceller dans le spectacle du lucre, des intrigues politiciennes et religieuses, de la concussion gratifiée, des mœurs débridées, de la sexualité refoulée, de l'invasion étrangère, des guerres civiles, de la misère rampante, des promesses non tenues, de l'inflation galopante, de l'économie chancelante, de la démocratie balbutiante importée en milieu rural et tribal qui conforte et perpétue le passé et l'arriération.

S'ils veulent vraiment atteindre des seuils d'innovation supérieurs, les Arabes doivent impérativement réviser leur système de formation et d'enseignement, de recherche et d'innovation pour les rendre viables et capables de s'adapter à un environnement en pleine mutation. Dans tous les cas, ce n'est pas avec les cours particuliers et de soutien scolaire qu'on arrivera à un véritable changement.

Pour le moment, les Arabes restent les cancres du monde en matière de créativité et d'innovation. Même l'enseignement dans les pays arabes est en pleine crise. Hélas mon propre pays n'échappe pas à ce triste casting.

Faut-il réformer ou entretenir la médiocrité?

* Economiste.

Illustration : Siège de l'OMPI, à Genève.

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