Taoufik Ben Brik Sur Nessma Banniere

Le célèbre journaliste et écrivain, esprit rebelle et attachant, est en train de tomber dans la répugnance. Sans que personne ne s'en offusque outre mesure.

Par Ezzeddine Ben Hamida*

Depuis maintenant environ trois mois, nous assistons tous les soirs du lundi au vendredi aux commentaires et à l'analyse de l'actualité politique de Taoufik Ben Brik sur NessmaTV. La «chaîne de la famille», comme son slogan publicitaire le proclame haut et fort, cherche à le hisser dans le camp des leaders d'opinion; elle cherche aussi à faire grimper son audience grâce à sa fougue et son franc-parler.

Un naufrage programmé

Taoufik est un journaliste et incontestablement un intellectuel. Par ses passages télévisés et radiophoniques, il espère peser sur certaines décisions et orientations politiques. Ses combats pour la liberté et la justice sociale sont aussi nos combats. Nous n'oublions jamais sa grève de la faim en 2000; les injustices et les provocations qu'il avait inlassablement subies sous le déchu. Nous l'avons toujours écouté avec bienveillance et lu avec attachement et réflexion. Il représentait pour nous l'intellectuel rebelle, indomptable, irréductible, fier et courageux! Il n'était pas dans le discours convenu, le politiquement correct, l'intellectuel soucieux de son image de penseur et de leader. Bref, il était iconoclaste et nous l'apprécions comme tel.

Cependant, ses interventions deviennent de plus en plus insupportables: ses dérives verbales, ses éclats de gueule et ses agitations sur les plateaux agacent, irritent et crispent beaucoup de parents. Sa sémantique guerrière n'amuse plus personne; au contraire, elle révolte parents et responsables éducatifs et politiques. Ecouter des gros mots en direct en présence de nos parents et nos enfants est terriblement gênant, incommodant, désagréable et déplaisant.

Ses dérives ne sont plus tolérables. Récemment sur Cap Fm, lors de l'émission Capuccino de Hassen Hameli et Sofiane Ben Farhat, notre «intellectuel» avait largement dépassé les lignes rouges et aucun des deux animateurs ne l'avait arrêté!

Nous observons, tous les soirs, Myriam Belkadhi, souvent gênée, confuse, troublée, embarrassée et complètement désarmée face au naufrage programmé de cet «intellectuel» engagé.

Le silence assourdissant de la Haica

Pire encore, dans son show sur Nessma, il avait appelé récemment les régions de l'intérieur de se révolter contre le reste du pays en coupant les sources d'eau. Comme si l'alimentation en eau en Tunisie n'a pour source que cette région de notre territoire national. Lamentable et déshonorant !

Aussi, sur le même registre, avait-il encouragé nos compatriotes du sud à entraver les exportations du phosphate et de s'accaparer leurs richesses minières. La démagogie dans toute sa splendeur !

Un tel discours n'est-il pas dangereux pour l'unité du pays? Ces appels à la scission sont-ils encore tolérables? Ses dérives verbales vont-ils rester indéfiniment sans réponse institutionnelle? Sa sémantique guerrière n'est-elle pas répugnante? Et la Haica, l'autorité de régulation audiovisuelle, où est-elle passée? Pourquoi ce silence assourdissant?

Un intellectuel a, intrinsèquement, une autorité morale : il est la voix de la sagesse et de la raison. La force de toute nation réside d'ailleurs dans la force de l'autorité morale de sa classe intellectuelle.

Taoufik reviens ce que tu étais: un esprit rebelle et attachant ne tombe pas dans la répugnance !

* Universitaire.

Blog de l'auteur.

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