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Alors que la crise économique bat son plein et que Daêch est à nos portes, le mot d'ordre que tous devraient adopter c'est l'union sacrée plutôt que les grèves!

Par Mohamed Ridha Bouguerra*

Le gouvernement Habib Essid entrera sans doute dans les annales, comme la seule équipe gouvernementale à avoir fait son baptême du feu au lendemain même de son installation! C'est là, en effet, une équipe gouvernementale qui n'a pu bénéficier des 100 jours de grâce accordés, généralement, à tout nouvel exécutif avant d'être appelé à rendre compte de son action! Cela est unique et est une première sans doute dans l'histoire politique contemporaine!

Voilà de nouveaux ministres qui, à peine arrivés et sans avoir eu le temps de prendre connaissance des dossiers brûlants de l'heure qui relèvent de leur département, subissent déjà la grogne de leurs administrés et sont menacés de grève! C'est le cas, précisément, dans l'enseignement et à la poste où des arrêts de travail de deux jours sont déjà programmés entre les 17 et 20 février.

L'opinion publique est bien lasse

Il faut le dire et le répéter et le répéter encore, l'opinion publique est bien lasse de ces grèves nuisibles à notre économie nationale délabrée.

Le mal est encore plus grave lorsqu'il s'agit de suspension des cours! Nos jeunes enfants, dans le primaire et dans le secondaire, se trouveront la semaine prochaine et pour la énième fois ces deux dernières années, jetés à la rue et livrés à eux-mêmes durant deux jours! Nos cadres syndicalistes, Lassaâd Yaacoubi et consorts, ont-ils pensé un instant aux risques qu'ils font courir durant cette grève à leurs apprenants? En outre, quel bel exemple de sérieux, de ponctualité et de sens des responsabilités nos éducateurs donnent ainsi aux générations montantes! Comment remplacer les nombreuses heures de cours déjà perdues depuis le début de cette année scolaire? On dit partout que le secteur de l'éducation est le champion toutes catégories des grèves ces derniers mois.

Et tout cela pourquoi, d'après vous?

Dans le but d'amener le ministère de tutelle à entamer une réforme sérieuse et en profondeur de notre système éducatif afin de le mettre au diapason des avancées scientifiques et exigences pédagogiques de notre temps et, ainsi, le rendre véritablement digne du savoir du XXIe siècle?

Ou dans le but d'amener le ministère de tutelle à améliorer les conditions de travail tant du personnel enseignant que des apprenants et à l'engager à procéder à de larges travaux de réfection dans nos établissements qui en ont grand et urgent besoin car pour la plupart en piteux état, souvent sans eau courante et sans toilettes dignes de ce nom?

Ou, plutôt, pensez-vous, peut-être, que toutes ces grèves ont pour but d'attirer l'attention de nos responsables politiques sur l'insuffisance des moyens et matériels pédagogiques dont souffrent nos établissements éducatifs: des ordinateurs aux bibliothèques de classe en passant par les consommables pour les TP de chimie et de sciences naturelles?

Que nenni, rêveurs que vous êtes !

Nos braves enseignants pensent, d'abord et essentiellement, gros sous et le reste des revendications n'est là que poudre aux yeux afin de faire passer l'amère pilule des indemnités à revaloriser et des salaires à augmenter!
Et bien, il est grand temps pour que la société civile exprime son indignation devant ces grèves à répétition qui prennent nos élèves en otage, leur font perdre un temps précieux, les dégoûtent de l'enseignement et ne leur donnent que de mauvais exemples de paresse et d'irresponsabilité.

Ras-le-bol et basta donc !

L'union sacrée plutôt que les grèves

Et que l'on ne nous réplique pas que la crise économique est passée par là et que le pouvoir d'achat des fonctionnaires est en train de dégringoler! Cela tout le monde le sait et le vit même quotidiennement, et pas uniquement les enseignants! Mais la grève doit être, pour tout responsable syndical sérieux, surtout s'il est un cadre pédagogique, l'ultime solution à laquelle l'on ne doit recourir que lorsque toutes les autres voies de négociation auront été épuisées! Car une heure de cours perdue peut difficilement être remplacée. Sans parler de son impact négatif sur le moral des élèves.

À moins que la partie syndicale ne soit en train de se livrer à un bras-de-fer avec les autorités de tutelle. Le tout nouveau ministre n'a-t-il pas fait cette étonnante déclaration, ce vendredi 13 après une séance de négociation avec des représentants des enseignants: «Le syndicat veut diriger lui-même le département»?!

Ras-le-bol et basta encore !

Car notre système éducatif est d'une débilité sans nom! Car une journée de cours sacrifiée à des intérêts corporatistes est synonyme de recul du savoir et régression pour tout le pays! Car notre économie est en panne! Car les caisses de l'État sont vides! Car le spectre du terrorisme est devenu une menace omniprésente! Car il y a péril en la demeure à voir les graves dangers qui pèsent sur nos frontières sud ! Car Daêch est déjà parmi nous!

L'union sacrée plutôt que les grèves ! Voilà donc le mot d'ordre que tous devraient adopter en attendant des jours meilleurs !

À quand donc le sursaut civique salvateur? Les éducateurs, c'est-à-dire celles et ceux qui sont chargés d'inculquer le civisme et l'amour de la patrie aux citoyens en herbe, les éducateurs, en raison du modèle qu'ils représentent pour beaucoup aussi, devraient être les premiers à en donner l'exemple!

À quand donc le retour à la raison, à la sagesse, au sens des pesantes réalités et au véritable patriotisme?

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