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Les fascistes qui ont tué les journalistes de ''Charlie Hebdo'' sont les mêmes qui égorgent des policiers et des soldats en Tunisie, et sèment la désolation en Irak, Syrie et Libye.

Par Slaheddine Charlie Dchicha*

Ainsi donc deux ou trois sinistres individus, parce que le hasard les a fait naître dans une famille musulmane, s'autoproclament porte-parole des musulmans et s'érigent en représentants de Mohamed voire d'Allah sur terre. Quelle prétention! Quelle fatuité! Quelle suffisance!

Ces minables, ces merdes, ces moins que rien prétendent venger le prophète et agir au nom de Dieu et s'autorisent à ôter la vie à des personnes qui ne leur ont rien fait.

Ces criminels, ces salauds, ces fascistes, se permettent de détruire l'intelligence, l'humour, la culture, le talent en criant «Allah Akbar» oubliant ou ignorant qu'Allah est surtout «le très miséricordieux», comme il le rappelle au début de chaque Sourate de son saint livre, le Coran.

En assassinant Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Maris et les autres, ces criminels fanatiques et imbéciles prennent en otage les musulmans de France et ceux d'ailleurs. En commettant leur acte ignoble, ils ignorent peut-être qu'ils ont privé la communauté musulmane de France de ses alliés et de ses défenseurs les plus sincères et les plus constants et les plus anciens... Mais ils n'ignorent nullement qu'ils s'attaquent ainsi au cœur de la démocratie, au cœur de la République: la liberté d'expression et la liberté de conscience.

Car ces fascistes sont les agents et les promoteurs autoproclamés d'un ordre totalitaire, le même que celui qui égorge des policiers et des soldats en Tunisie, qui émet une fatwa contre Kamel Daoud en Algérie, qui sème la mort et la désolation en Irak et en Syrie, qui est en train de détruire la voisine Libye...

L'auto proclamation, voilà la malédiction du monde arabe et musulman. L'absence d'intermédiaire, l'absence de clergé et l'autonomie voire la liberté donnée au croyant dans sa relation à Dieu, ces qualités spécifiques de l'islam se trouvent paradoxalement perverties par une demi-alphabétisation qui donne un accès sommaire et superficiel aux écrits : le Coran et le Hadith. Cette «sainte ignorance», selon l'heureuse trouvaille d'Olivier Roy, autorise tout un chacun à s'autoproclamer «cheikh», «imam», «émir», «calife»...

Une société, une culture, une religion, qui permettent de tels comportements et qui produisent de tels individus se doivent de s'interroger et de se mettre en question et le génial journaliste algérien, Kamel Daoud, a mille fois raison lorsqu'il affirme: «Si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l'homme, on ne va pas avancer... La question religieuse devient vitale dans le monde arabe. Il faut qu'on la tranche, il faut qu'on la réfléchisse pour pouvoir avancer».

* Universitaire.

 

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