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Lettre ouverte à Béji Caïd Essebsi, le Président de la République, sur la marche à suivre pour assurer la réussite de la prochaine étape, qui s'annonce difficile et cruciale.

Par Lyes Ben Tara

Monsieur le Président,

D'abord, je tiens à vous féliciter pour la réussite de votre projet politique.

Le scrutin brut laisse penser que la Tunisie est divisée en deux, mais c'est la typologie du second tour qui l'exige, et c'est loin d'être représentatif. Le Tunisien est assez intelligent pour le savoir.

Vous et votre parti allez diriger les appareils de l'Etat pour une relance économique escomptée entre la fin du quatrième trimestre 2016 et le début du premier trimestre 2017. Mais avant tout, l'électeur et le citoyen tunisien exigent une sérénité sociale et un espoir de «joie de vivre», expression chère à votre modèle, l'ancien Président Bourguiba.

Sans être un sympathisant de Nidaa Tounes, j'ai voté pour vous, mais je milite pour l'intégration des jeunes dans la vie politique des grands partis. Ils étaient certes présents dans votre campagne électorale, mais ils ne sont pas présents à l'Assemblée.

Le Gouvernement exige, par ailleurs, des compétences confirmées, car la situation est assez délicate. Je vous lance donc un appel afin d'intégrer les jeunes dans la démocratie de proximité, en présentant 50% de jeunes dans vos listes pour les prochaines municipales. Vous êtes bien placé pour savoir que l'exercice municipal est un passage obligatoire pour un premier pas en politique. Car vous avez fait vos débuts à la municipalité de la Goulette, qui était, dans les années 1960-1970, une grande municipalité, presque aussi importante que celle de Tunis, et cela a duré pendant vingt cinq ans.

Votre appel pour le partage des pouvoirs et la collaboration responsable est un acte démocrate et prometteur, mais ne serait-il pas utopique?

Vos premiers discours sont rassembleurs, afin que les agitateurs politiques s'auto-excluent laissant la place à des politiques responsables.

Votre programme doit être axé sur l'insertion des jeunes dans le tissu économique, en leur offrant des instruments de financement répondant à leur situation.

Deux secteurs stratégiques doivent être réformés en urgence, l'agriculture et le tourisme, et ce en instaurant un nouveau modèle de développement agricole et en facilitant l'accès au financement des projets de tourisme alternatif (maisons d'hôtes, hôtels de charme et éco-tourisme).

L'agrotourisme a permis à des pays comme la France et l'Italie de relancer leur agriculture dans les années 50-60, et ce en offrant aux agriculteurs un complément de revenu, à moindre frais, à travers l'hébergement chez l'exploitant.

Quant aux deux autres types de tourisme alternatif, ils sont considérés comme des produits à forte croissance et surtout pour des investissements moins coûteux que les modèles adoptés depuis des décennies, et qui ne font que plonger les hôteliers dans un endettement difficile à assumer.

Pour finir, une restructuration du secteur énergétique et la recapitalisation des banques, qu'elles soient publiques ou privées, contribueront à la relance de l'économie à moyen terme, pour être optimiste je dirais à mi-mandat.

La formation du prochain gouvernement de «compétences politiques» sera la clé de la réussite de la prochaine étape, qui s'annonce difficile et cruciale.

Vive la Tunisie ! Vive la République ! Vive la Jeunesse...

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