Vote-elections

Il ne faut pas s’étonner de la faible participation des électeurs tunisiens à l’étranger, car ils sont marginalisés par l’Isie, une structure centralisée, rigide et inadaptée à leurs besoins.

Par Aida Bouchadakh*

 

Les Tunisiens établis à l’étranger semblent être choyés. Ils peuvent être représentés par des élus établis à l’étranger à l’Assemblée nationale et peuvent participer au processus électoral pendant 3 jours et non pas un seul, comme c’est le cas en métropole…

On n’en demandait pas tant… On pourrait croire qu’on est comblé, sauf que voilà : l’Isie semble être sourde à nos doléances, et pour cause : la communication est à sens unique, et bien heureux qui pourra faire entendre sa voix.

En effet, la liste électorale, gérée depuis Tunis semble-t-il, ne répond pas aux exigences locales les plus élémentaires. Non seulement l’électeur est affecté une fois à un bureau de vote, la fois d’après à un autre, et ce sans être prévenu… Il est amené à faire le tour des bureaux de vote pour pouvoir enfin voter. Parfois, il est envoyé à mille lieux de sa résidence, en dépit de tout bon sens. Des membres d’une même famille, résidents sous le même toit, doivent courir d’un bureau de vote à un autre pour pouvoir accomplir leur devoir électoral.

Ceux-là doivent s’estimer heureux car ils ont pu exercer ce droit fondamental qu’est le vote.

D’autres, bien qu’inscrits, ne se retrouvent pas sur la liste électorale… et comme le consulat n’a pas jugé utile de donner des accusés de réception, bien malin est celui qui pourra prouver ses dires et mettre en avant le déficit de service de l’administration…

Dans ce cas de figure, ne pourrait-on pas considérer comme inscrite toute personne qui se déclare comme tel et que c’est à l’administration de prouver le contraire… Les mentalités n’ont pas encore changé et certains croient encore que l’administration accorde des faveurs aux citoyens…

De ce fait, il ne faut point s’étonner de la faible participation des électeurs à l’étranger. Ils sont tout simplement marginalisés par une structure centralisée et rigide et non adaptée aux besoins des citoyens de l’étranger.

Avec le second tour de la présidentielle qui s’annonce serré, l’Isie saura-t-elle faire face à ses responsabilités et permettre à ses représentants locaux de gérer d’une façon rétroactive la liste électorale… A moins que l’objectif non avoué est de limiter le nombre des votants.

Par ailleurs, il serait judicieux d’organiser le second tour en dehors de la période des fêtes de fin d’année.

Beaucoup profitent des vacances de Noël pour voyager et on aura toutes les difficultés du monde pour faire superviser ce second tour par des observateurs, notamment étrangers, garants du bon déroulement des élections.

J’ose espérer que des voix s’élèveront pour faire en sorte que tout citoyen tunisien puisse exercer son droit de vote, garantie par la constitution

* Citoyenne tunisienne établie à Bruxelles.

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