Hamma Hammami et Béji Caïd EssebsiMême avec un score très serré, le vote pour Nida Tounes dans les législatives du 26 octobre 2014 est un vote de l'espoir. C’est aussi un vote de désespoir... contre Ennahdha.

Par Mohamed Hafayedh*

Si, jamais, une crise se reproduit, comparable à celle de l’été 2013, le peuple, qui avait renversé la majorité en faveur des «zéro-virgule», ne sera pas enthousiaste pour soutenir les 30% d’Ennahdha.

Un simple calcul de la valeur réelle du score du parti islamiste, déduction faite de l’organisation impartiale des élections et du clientélisme par le verrouillage de l’appareil de l’État, l’argent sale et le soutien de la géopolitique, la valeur politique réelle d’Ennahdha ne dépassera pas, au grand maximum, les 15%.

Une fois les résultats officiellement validés, le principe de toute alliance avec Ennahdha, confirmé et affirmé, une grande partie de la clientèle fidélisée par ce parti va le déserter ou même changer carrément de camp.

Certaines chancelleries européennes, jusqu’ici, paradoxalement, pro-islamistes, sous l’influence de la politique américano-israélienne dans la région, vont aussi changer de position.

Le temps joue contre Ennahdha à condition que le camp de la Tunisie de l’espoir manifeste une solidarité sans faille.

La maturité et le patriotisme doivent être de mise. Les enchères idéologiques seront mortelles. Qu’on se rappelle d’où on revient.

Nous revenons du camp de la mort et de la négation d’une nation millénaire. Je suis conscient de la pression terrible que subit actuellement Nida Tounes de la part des chancelleries étrangères pour partager le pouvoir avec Ennahdha, et j’appelle le Front populaire et à Afek Tounes à montrer une solidarité sans faille avec le parti de Béji Caïd Essebsi.

Enfin, je suggère de faire entendre à certains de nos amis européens, qui ne seront pas insensibles à l’argument de la volonté du peuple tunisien qui a tourné la page de la période islamiste traumatisante, et leur expliquer que le choix des Français et des Américains, qui nous impose de maintenir les islamistes au pouvoir, risquerait de provoquer une guerre civile, ce qui ne sera pas une plaisanterie. Ainsi est fait le peuple tunisien.

N’ayons pas peur, allons vers l’avant pour célébrer cette belle victoire et ne pas frustrer le peuple et lui gâcher sa fête à cause de la machinerie de Chafik Sarsar.

Allons de l’avant, avec notre volontarisme patriotique, libérons les monades bourguibiennes qui sont au fond de chaque patriote tunisien et disons «bon vent» à notre Tunisie éternelle!

* Avocat à la Cour de Paris.

Illustration: Hamma Hammami (Front populaire) et Béji Caïd Essebsi (Nida Tounes).

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