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Qui va gagner les législatives de dimanche 26 octobre 2014 : le voile, la barbe et la charia ou les modernistes? Le résultat aura un impact sur tout le monde arabe.

Par Claude Sitbon*

Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu. Cet acte, qui aurait pu être un simple fait divers, va déclencher un vent de révolte qui amènera la chute du président Ben Ali et s'étendra à tout le monde arabe. Ce fut ce que l'on a rapidement appelé «le printemps arabe».

Il faut rappeler le rôle important que la femme tunisienne a joué dans ces évènements, héritière en cela des enseignements du président Bourguiba. Les élections qui eurent lieu en Tunisie menèrent contre toute attente à la victoire du parti islamiste Ennahdha. Une Assemblée avait été constituée pour préparer la constitution (Destour en arabe).

La Constitution fut une réussite parce qu'elle imposa l'Etat de droit, unique dans le monde arabe, avec des règles destinées à éviter une dictature autocratique. Un autre point important – l'Etat s'engage à protéger les droits acquis des femmes. Enfin, la nouvelle constitution a réduit les prérogatives du président de la République, élu au suffrage universel direct. Son rôle se réduira à «inaugurer les chrysanthèmes».

Ce furent trois ans de cheminement démocratique cahoteux; ils furent surtout marqués par deux assassinats politiques: Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, autour desquels les forces démocratiques organisèrent de grandes manifestations.

Ce 26 octobre auront lieu les élections législatives qui mèneront aux urnes 5,2 millions de Tunisiens, pour élire 217 députes. Le 23 novembre auront lieu les élections présidentielles.

En fait, lors de ces élections vont s'opposer deux grandes tendances – le parti Nida Tounes, que l'on qualifierait de bourguibiste, et le parti Ennhdha, le parti islamiste. A la tête de Nida Tounes, on trouve un homme nouveau et vieux à la fois, Beji Caid Essebsi. Nouveau car il a réuni autour de lui beaucoup de tendances et vieux car cet avocat a déjà été ministre de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et Premier ministre. Sa riche expérience est un avantage et son âge avance est un inconvénient.

La situation économique de la Tunisie est telle aujourd'hui qu'aux yeux de très nombreux économistes, elle est «le tigre de la Méditerranée». Les observateurs sont d'accord pour reconnaitre que le slogan des démocrates pourrait être une réalité : «Nos martyrs ne sont pas morts pour une nouvelle dictature».

Qui gagnera ces élections – le voile, la barbe et la charia ou les modernistes auront-ils le dernier mot. Ce qui est sûr c'est que ces élections ont une signification particulière pour tout le monde arabe.

* Sociologue et spécialiste du judaïsme tunisien.

Source: ''I24''. 

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