Fares-Mabrouk-candidat

Fares Mabrouk réagit au refus de sa candidature à la présidence et explique les raisons ayant motivé son engagement politique: le pari sur l’avenir et sur la jeunesse.

Par Fares Mabrouk

 

Nuits blanches, milliers de kilomètres parcourus, mille et une vérifications, mille et une validations, l’Instance des élections (Isie) a fini par statuer sur ma demande de candidature à l’élection présidentielle. Elle a dit Non.

Après trois jours d’échange et de discussion entre mon équipe de campagne et les cadres de l’instance, le dossier de candidature a finalement été jugé insuffisant et ma requête refusée. J’en prends acte. Notre démocratie est fragile. Je ne formerai pas de pourvoi.

Comment tout cela a-t-il débuté? Quelques semaines en arrière. Le 15 août 2014 précisément. Après plusieurs mois de réflexion, ma décision est prise. Je me présente aux prochaines élections. Frustré que les débats peinent à se détacher du passé, que les discussions se concentrent sur l’écriture ou la réécriture de l’histoire au lieu de construire notre avenir. Je me fais une promesse que je ne cesserai de me répéter chaque fois qu’une décision doit être prise ou une orientation décidée; je serai utile dans la course et après la course. Je pèserai dans le débat et tenterai de toutes mes forces d’imposer les sujets et projets que je considère essentiels à notre devenir commun.

Durant des semaines, je parcours la Tunisie et rencontre des personnes devenus amies. J’écoute, échange et parle d’avenir. Sept ans plus tôt, je décide d’entamer une transition dans ma vie professionnelle qui allait me mener de Zarzis à Boston, de l’entreprenariat aux sciences politiques.

Après dix années passées à gérer des projets de logistique, je décidais de prendre un temps d’arrêt et de postuler à un master en sciences politiques et administration publique. Et me voici lancé dans une nouvelle aventure à découvrir les politiques de relance de Singapour à l’Inde, d’Egypte au Ghana, à fréquenter des personnalités politiques, des leaders, des journalistes, de belles rencontres qui me font voir le monde autrement, plus petit, plus concentré, un monde «plat» où tout est possible.

Fares-Mabrouk-2

D’étudiant, je deviens peu à peu enseignant et ne cesse d’entretenir cette relation privilégiée que j’aime avoir avec le monde universitaire et académique. Transportons-nous quinze années en arrière.

En juin 1998, date à laquelle je décide de quitter mon travail de banquier à New York pour retourner en Tunisie et intégrer l’administration tunisienne; expérience qui allait forger ma vision d’une Tunisie aux institutions lourdes mais présentes et gardiennes de la république.

Comment tout cela a-t-il débuté? Peut-être même plus tôt, dans la cour du lycée Sadiki, à Tunis, face à Si Saidi venu stopper net une petite manifestation à laquelle je tentais de prendre part ou en écoutant mon père me parler de la classe de Ali Belhaouane également à Sadiki ou simplement dans la relation si spéciale que j’ai, comme beaucoup de Tunisiens, avec mon pays; cette terre pleine de vie et de potentiel.

L’Isie a dit Non. Ce n’est pas le premier acte manqué de mon parcours et certainement pas le dernier. Etre démocrate c’est d’abord apprendre à perdre et surtout faire passer l’intérêt général devant le reste.

Je resterai redevable à celles et ceux qui se sont donnés, sans contrepartie, ni promesse mais avec conviction et volonté.

A eux et à celles et ceux qui ont envie de renouveau, je dis ayez confiance en notre jeunesse, c’est en elle et avec elle que nous allons restaurer l’espoir et bâtir notre devenir commun.

Ceci n’est que le commencement.

{flike}