Ghannouchi-Ben-Jaafar---Marzouki-et-Chebbi-Banniere

A la veille des élections, Rached Ghannouchi est au bord d'une banqueroute politique et tente, par tous les moyens, de renflouer son compte qui semble virer au rouge.

Par Tarak Arfaoui

Le puissant chef du mouvement Ennahdha, après avoir avoir imploré en vain le ciel de lui trouver un candidat valable de son parti pour la présidentielle et après avoir tiré toutes ses cartouches (mouillées) 3 années durant dans les gouvernement présidés par ses poulains, qui se sont revelés finalement des toquards, a, semble-t-il, trouvé la solution miracle du candidat «consensuel», véritable subterfuge camouflant la débandade d'un mouvement politique qui a mené le pays vers la banqueroute en distribuant des chèques sans provision à des électeurs qui ne sont plus dupes.

Ennahdha en manque de candidats

Son idée de candidat «consensuel» est à la fois débile et machiavélique mais elle correspond assez bien à la philosophie islamiste qui privilégie les subterfuges pour arriver au pouvoir («Itamsken hatta tetmaken»).

Dès le départ, il était clair que le mouvement Ennahdha, malgré ses effectifs pléthoriques, était incapable de trouver une élite pouvant gérer les affaires du pays aussi bien dans sa base qu'au sein de son Majlis Choura. La compétence était inexistante, l'expérience nulle, l'envergure intellectuelle rare et, contrairement aux apparences pieuses, l'extrémisme, la duplicité et la cupidité étaient des atouts majeurs pour vivoter momentanément au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et des ministères. Les 2 sous-chefs présumés du mouvement, Hamadi Jebali, «ingénieur» de son état mais pas très ingénieux et calife à ses moments de délire, puis Ali Larayedh, étroit d'esprit et de culture, marin de formation qui n'a aucun sens de la navigation politique, ont très vite démontré toute l'étendue de leur insuffisance.

Les chèques en bois de cheikh Ghannouchi

La présidentielle était de facto placée sur un piédestral inaccessible à ces hypothétiques candidats et cheikh Ghannouchi l'a bien compris. Comme soeur Anne, il regarde l'horizon de son parti et ne voit rien venir. Il n'a plus de provisions. Après des discussions houleuses au sein du Majlis Choura, le cheikh semble avoir obtenu de son parti un chèque... en blanc pour distribuer des chèques... en bois aux eventuels candidats dits «consensuels» à la presidentielle.

Profitant de la cupidité de certains hommes politiques en dehors de son sérail, il a commencé par appater les plus ambitieux d'entre eux qui se sont engagés dans d'indécentes joutes de striptease politique pour obtenir les faveurs du cheikh.

La ballerine étoile de ce ballet des médiocres est sans aucune contestation Moncef Marzouki. Notre «Tartour national», accroché au poste inespéré qu'Ennahdha lui a offert en 2011, s'y est maintenu au prix de contorsions dignes d'un champion olympique de gymnastique pour éviter de froisser ses mentors islamistes. De grands écarts idéologiques en roulades politiciennes, reniant ses convictions et se couvrant de ridicule, il a clochardisé l'instituion présidentielle comme elle ne l'a jamais été.

Dépourvu de prérogatives nationales, il s'est dépensé inutilement sur le plan extérieur en ternissant l'image de la Tunisie par ses prises de position épidermiques, ses réactions irréflechies et son total manque de tact diplomatique. Malgré tous ces travers, son impopularité, son bilan catastrophique, il a encore la force de croire en sa bonne étoile et d'espérer servir, encore une fois, de valet d'Ennahdha.

Les «tartours» se bousculent au portillon

Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC et candidat à la présidence, a l'insigne honneur de réaliser un large consensus... au sein d'Ennahdha qui voit en lui le parfait «Tartour bis» pour défendre ses intérêts. Il est vrai que, dans un autre registre, M. Ben Jaâfar, en s'alliant contre toute attente avec Ennahdha au sein de la Troika, a fait preuve, tout au long de la légistrature, d'une bonté douteuse, d'un laxisme sans limites et d'une indifférence totale face aux multiples dérapages du parti islamiste. La recherche à tout prix d'un consensus avec Ennahdha, sa molesse et sa prestance insipide ont dilapidé le peu crédit qu'il avait engrangé auprès des électeurs avant le révolution. En mauvais politicien, il persiste à faire encore de discrets appels du pied à Ghannouchi croyant toujours à ses chances d'accéder au palais de Carthage grâce à un coup de pouce des islamistes.

Le troisieme larron qui fait le beau actuellement devant Ghannouchi c'est, vous l'avez deviné, Ahmed Néjib Chebbi, le leader du Parti républicain (Al-Jomhouri). D'opposant à Ben Ali, allié occasionnel des islamistes, avant la révolution, il a fait un coup de barre de 180 degrés, après la révolution, pour se transformer en un adversaire implacable des islamistes, avant de faire un deuxième coup de barre de 180 degrés, ces dernières semaines, pour se présenter comme un repenti ouvert à toutes les concessions. Sa perpétuelle quête du pouvoir, qui n'est pas un grand défaut en soi, l'a obligé à zigzaguer dans les eaux marécageuses des accointances hypocrites avec ses adversaires de jadis. La voie, à contre-courant, qu'il semble avoir choisie risque de mettre un point final à sa carrière politique. Elle a déjà vidé son parti.

Bien sûr, en dehors de ces 3 grands candidats potentiels qui font la cour à Ghannouchi, il y a une floppée d'autres, dépourvus d'électeurs, et qui frappent eux aussi aux portes d'Ennahddha. Il s'agit d'un ramassis d'opportunistes en tout genre, allant du RCDiste repenti cherchant une nouvelle virginité au psychopathe délirant au bord de l'internement en passant par le pédophile refoulé ou le marchand de canon qui a assez de pognon pour s'acheter quelques électeurs islamistes.

Cette racaille, que la révolution a enfantée et qu'il serait ennuyeux d'en parler, fait inévitablement partie du paysage politique, démocratie oblige, et a au moins le mérite de faire rire la galerie et d'alimenter le folklore des élections

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