offre emploi 11 21La nouvelle loi électorale, taillée sur mesure pour les partis, va priver les villes moyennes d’une représentativité au prochain parlement. C’est le cas de Kalaa Kébira.

Par Karim Ben Hadj Mbarek*

Encore une fois, la ville Kalaa Kebira (60.000 habitants, quatrième en population dans le gouvernorat de Sousse, dont 60% âgés de moins de 30 ans) risque d'être privée de représentant au parlement pendant les 5 prochaines années.

Les résultats des élections de l'Assemblée nationale constituante (ANC) en 2011 ont déjà créé un déséquilibre en matière de représentativité entre les différentes délégations du gouvernorat de Sousse. En effet, une ville comme Msaken, par exemple, avait 3 élus (Ladhari, Hmila et Krifa), c'est à dire 30% des sièges, pour un peu plus de 15% de la population du gouvernorat. Akouda, Sidi Bou Ali ou Kalaa Kébira n'ont eu aucun élu.

C'était déjà une aberration de la loi électorale qui se souciait plus de la représentativité des partis que de la représentativité de la population. Cette aberration n'était pas si grave en 2011, puisque la mission de l'ANC était essentiellement la rédaction d'une nouvelle constitution. Les problèmes de développement, de gouvernance locale, d'éducation, de santé, etc., ne faisaient pas partie en principe de ses prérogatives.

Les partis politiques, ayant trouvé leurs comptes, ont voté une nouvelle loi électorale, qui n'est qu'un vulgaire clone de la précédente. Elle produira les mêmes aberrations et privera encore une fois des villes moyennes comme Kalaa Kebira de représentativité à l'Assemblée nationale.

Encore une fois les intérêts électoralistes des partis politiques seront servi au détriment des intérêts socioéconomiques de certaines villes. Encore une fois, les prochaines élections produiront des déséquilibres entre les délégations d'un même gouvernorat.

Les partis politiques assument aussi une part de responsabilité dans cette injustice. En effet, ils se sont tous focalisés sur les grandes villes pour choisir les têtes de listes. Les représentants des villes moyennes ne sont sollicités que pour compléter les listes, pour jouer le rôle de figurants et donner l'illusion d'être présents sans aucune chance d'être élu.

Soyons francs, Nida Tounis n'aura pas 5 sièges sur l'arrondissement électoral de Sousse, Ennahdha pas plus que 4 sièges et Al-Moubadra pas plus que 3, les autres partis ne pourront espérer plus qu'un seul siège. Donc une cinquième ou une quatrième place sur ces listes c'est de la figuration. C'est de la poudre aux yeux.

Par conséquent: les problématiques locales ne seront pas défendus: la zone industrielle étouffée, le chômage des jeunes diplômés, l'état désastreux des infrastructures culturelles et sportives, l'endettement des agriculteurs, la valorisation de l'huile d'olive locale, l'infrastructure sanitaire en état de statu quo, le problème du terrorisme qui frappe nos jeunes (incités à partir en Syrie, par les imams de certaines mosquées) et leur familles... Tous ces problèmes attendront 5 ans.

Je tiens à rappeler, enfin, que, depuis Bourguiba et jusqu'au 14 janvier 2011, Kalaa Kebira a toujours eu un représentant à l'Assemblée nationale, depuis le regretté Abdelaziz Chouchane.

J'invite donc les électeurs de notre ville à se mobiliser et à voter massivement pour les listes dans lesquelles les représentants de la ville auront une chance réelle d'être élus. Les responsables régionaux des partis, comprendront alors, peut être, qu'on ne peut pas ignorer la ville de Kalaa Kebira et que notre ville mérite plus d'attention et de respect.

* Enseignant universitaire, docteur en sciences de gestion.

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