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La Tunisie d'aujourd'hui ressemble à une jungle où les islamistes montrent une soif de pouvoir et de privilèges pire que celle des Destouriens et des Rcdistes d'hier.

Par Habib Boussaadia*

La citation populaire «J'ai visité l'Occident et trouvé les valeurs de l'islam; et j'ai trouvé l'incivisme des gens révoltant chez nous en terre d'islam» est toujours d'actualité dans le monde arabo musulman surtout depuis le «printemps arabe».

Curieusement les révoltes arabes, qui ont chassé des dictateurs corrompus, n'ont pas abouti aux changements escomptés par les insurgés. Globalement on aura vu, pendant ces 40 mois de règne des nouveaux hommes forts de la Tunisie, toutes les facettes de l'hypocrisie, de l'improvisation manquée, de la gestion inflationniste, des promesses non tenues et enfin des coalitions non honorées. On aura surtout en mémoire les événements suivants:

L'islamisme est soluble dans la corruption

1- Les islamistes cueillent le pouvoir grâce à leur statut d'opposants organisés et de victimes des dictatures déchues et, surtout, à un programme de rééducation morale de la société : ils en profitent pour nous étaler leurs violations fréquentes et incessantes de l'éthique religieuse, pour s'enrichir outrageusement, à telle enseigne que des destouriens de l'ancien régime en manque de popularité se réveillent de leur torpeur et scandent haut et fort que la corruption de leur temps avait plus d'altesse et était plus humaine! Deux exemples parmi leurs nombreux impairs: alors que les caisses de l'Etat sont vides, on vote une loi de compensation pour les islamistes malmenés par l'ancien régime, ou bien on recrute sans concours dans l'administration des sympathisants d'Ennahdha qui seront rémunérés en fonction du nombre d'heures de sommeil passées dans leurs bureaux!

2- Des opposants de salon, opportunistes dans d'âme et sans aucun génie politique, acceptent une coalition avec les islamistes pour gérer la période de transition du pays, et massacrer au passage tous les principes de la loyauté et de la probité.

3- Des islamistes radicaux vont s'atteler en toute impunité à vouloir «remodeler» la société civile en s'attaquant aux lieux et aux manifestations culturelles, en prêchant la haine envers les laïcs et l'Occident : s'ensuivent des drames et des tragédies comme les assassinats politiques ou l'attaque non justifiée de l'ambassade américaine.

4- Des prédicateurs abreuvés à l'école de l'anarchie vont sommer les désœuvrés ou les naïfs à partir en Syrie et les ingénues ou ignorantes à offrir leur chair fraiche aux terroristes qui participent à la guerre civile au nom d'un djihad inventé par leurs mentors et sponsors officieux. Ces prêcheurs, dans un louable souci d'éviter tout conflit d'intérêt, ont pris soin de n'envoyer aucun membre de leur famille et sont à ce jour protégés par la sacrosainte démocratie!

Abou-Iyadh-Ridha-Belhaj-Kairouan

L'islam pris en otage par les Abou Iyadh (Ansar Charia), Ridha Belhaj (Hizb Ettahrir) et les autres...

5- Des djihadistes encore sans morale ou islamo gangsters se sont retranchés dans les montagnes et ont décrété la guerre sans merci aux symboles de l'Etat Tunisien (armée, police et autres corps constitués) avec l'appui tacite et la complicité de leurs compères islamistes restés à l'intérieur du pays!

6- Quant à la société civile, elle a laissé s'épancher sa haine de l'ordre établi, son individualisme colossal et surtout son impréparation aux règles de la démocratie. Si vous associez incivisme, absence de bons politiciens charismatiques servant d'exemples et une autorité de l'Etat malmenée par les terroristes, vous aboutissez à une société civile qui agit intuitivement non selon l'intérêt général du peuple, mais selon un réflexe de protection de soi au dépens des autres: l'individualisme l'emporte sur le collectivisme alors que l'islam a toujours demandé aux fidèles de penser aux autres d'abord et à soi ensuite!

Le droit du plus culotté

La Tunisie d'aujourd'hui ressemble donc à une jungle où l'Etat de droit s'est effacé au profit du droit du plus fort et du plus culotté: les entorses aux règles de conduite automobile sont devenues légion, l'administration fonctionne au ralenti selon l'état d'âme des fonctionnaires, et, plus grave encore, l'impuissance et la déficience des mairies ont laissé exploser les saletés et les déchets dans tous le pays.

En somme, on nous a parlé de «printemps arabe» et on se retrouve pris dans une tempête avec des terroristes dans les montagnes, des prêcheurs radicaux dans les mosquées, des associations caritatives qui alimentent l'islam radical, des politiciens islamistes qui manient la traitrise comme une seconde nature et tous, je dis bien tous, jurent qu'ils veulent restaurer le prestige de l'islam: de quel islam parlent-ils? Est-ce l'islam de leur esprit rétréci? Est-ce l'islam de leurs sponsors étrangers qui se résume à une triade: la barbe, le tchador et 4 épouses. Mais l'islam normal avec son humanisme, sa solidarité et sa générosité, doit-on l'occulter?

NON et NON car cet islam normal se résume à ceci: foi en dieu, prière (relation directe avec dieu), de préférence collective, et relations justes, correctes et appropriées avec tes frères dans la société. Nul n'a le droit d'imposer sa vision de l'islam. Les sourates du Coran sont nombreuses où dieu rappelle à son prophète ceci: ton rôle est de prévenir et non de punir !

Le printemps arabe a lamentablement échoué car il a divisé les sociétés musulmanes en deux: les radicaux et les normaux, ces derniers étant systématiquement dénigrés par les premiers!

Hors de Tunisie, ce que font les islamistes en Irak, Syrie, Yémen, Somalie et Libye est tout simplement indigne car la barbarie n'a jamais été l'emblème de l'islam!

* Médecin de pratique libre.

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