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bardo 2 mars 2014 banniere 3 2

Comme lors des élections du 23 octobre 2011, l'unité du camp démocratique n'est pas au rendez-vous. Les adversaires de la démocratie ne pouvaient espérer meilleur cadeau.

Par Inès Hammami-Abid* et Chérif Ferjani**

Depuis des mois, nous sommes nombreux à interpeler les partis qui ont constitué, avec différentes expressions de la société civile, le Front national du Salut (FSN) suite à l'assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013. Nous les avons imploré de répondre à nos appels pour reprendre le chemin de l'unité et constituer un «front électoral civil et démocratique» et de présenter des listes uniques pour les prochaines élections afin d'éviter au pays la réédition de l'échec du 23 octobre 2011.

Faute d'un accord national entre les partis démocratiques, nous avons appelé les démocrates de Tunisie en France à: 1. l'élaboration d'un projet électoral commun; 2. la constitution de listes communes France 1 et France 2 après des concertations où l'impératif «réussir ensemble» doit primer sur les intérêts et les logiques de partisanes; 3. la désignation de têtes de listes à partir de critères conçus en commun et selon des procédures acceptées par tous; 4. l'adoption, à défaut d'unanimité, de la règle de la tendance majoritaire, pour la prise de décisions communes.

Tous les partis contactés ont dit et continuent à dire qu'ils sont pour l'unité. Cependant, en dehors d'Al-Massar (Voie démocratique et sociale) qui n'a posé aucune condition à une telle unité, tous les autres partis – ou regroupements de partis comme celui du Front populaire – ont exigé que ce soit sous leur bannière. Chacun considère que l'unité doit se faire derrière lui: «Hors de ma chapelle point de salut!» était et reste leur devise commune.

Pour la circonscription du sud de la France, nous avons même essayé une union minimale entre deux ou trois partis avec des indépendants, pour aboutir au même échec.

A l'exception d'Al-Massar qui nous a accompagnés jusqu'au bout, tous les autres partis ont maintenu leur attitude négative à l'égard de notre démarche.

Nous regrettons le manque de clairvoyance politique qui est à l'origine de cette attitude qui aura de graves conséquences pour le processus démocratique déclenché par la révolution.

Les adversaires de la démocratie – nostalgiques de la dictature de Ben Ali et du RCD, comme ceux qui rêvent d'une alliance rééditant l'expérience de la Troïka – ne pouvaient espérer un meilleur cadeau. Les démocrates, en allant aussi divisés que lors des élections de l'Assemblée constituante, leur offrent l'occasion de compromettre les espoirs qui ont porté la révolution.

En espérant que les partis démocratiques tiendront au moins leur engagement à ne pas s'attaquer mutuellement pendant la campagne électorale, à coordonner leurs efforts de surveiller ensemble le déroulement des élections jusqu'à la proclamation des résultats, nous leur souhaitons de réussir leur aventure.

* Maître de conférences à l'Université Sophia Antipolis à Nice.
** Professeur à l'Université Lyon2.

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