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La levée du blocus de Gaza est une nécessité que l'ONU et les grandes puissances doivent exiger d'Israël avant toute trêve et toute négociation.

Par Saadeddine Zmerli*

Entre les conséquences des roquettes islamistes et celles du bombardement israélien de Gaza, la disproportion est énorme.

Au 17e jour de l'offensive militaire israélienne, le 25 juillet 2014, 830 Palestiniens ont été tués et 5000 ont été blessés. Côté israélien: 2 civils morts tués par les roquettes du Hamas et 34 soldats tués en majorité dans les combats à Gaza.

Ce massacre humain, qui s'aggrave chaque jour d'une dizaine de morts, s'accompagne d'une destruction massive des bâtiments modifiant le visage urbanistique de Gaza.

Réactions en-deçà de la gravité du drame

Les réactions n'ont pourtant pas été à la mesure du drame qui frappe les Palestiniens. Seule la Turquie, par la voix de son président, a condamné fermement l'agression israélienne la qualifiant de génocide du peuple palestinien.

Blocus-de-Gaza

Un territoire dont les frontières terrestres avec Israël et l'Egypte, l'espace maritime et l'espace aérien sont contrôlés par l'armée israélienne.

François Hollande, qui n'a évoqué, à aucun moment, les pertes humaines palestiniennes, a déclaré que «la France condamne fermement les agressions contre Israël» et exprimé à Benyamin Netanyahou, dans une conversation téléphonique, le 9 juillet 2014, «sa solidarité avec Israël face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza» et son soutien au «gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces».

Angela Meckel, la chancelière allemande, a exprimé la même opinion. De même que Barak Obama, le président des Etats Unis d'Amérique, qui a déclaré, le 21 juillet 2014, qu'«Israël a le droit de se défendre contre le Hamas». Il a atténué quelque peu sa position en demandant aussitôt aux Israéliens de faire preuve de retenue.

Les pays arabes se sont montrés hésitants pour condamner l'agression israélienne. Le Caire, habituel médiateur dans les conflits entre le Hamas et Israël, a proposé, mi-juillet, un cessez-le-feu, refusé en l'état par le Hamas.

L'initiative égyptienne prévoit un «arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres» et l'ouverture, dans la foulée, de négociations sur l'entrée des biens et des personnes dans l'enclave palestinienne sous blocus.

L'Égypte propose d'accueillir sous 48 heures après l'entrée en vigueur de la trêve deux délégations palestinienne et israélienne pour ouvrir ces discussions indirectes.

Une prison peuplée de 1,5 million de Palestiniens

La Ligue arabe et Barak Obama, ayant salué cette proposition approuvée par les Israéliens, appellent, le 15 juillet, les Palestiniens à l'accepter. Mais le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a rejeté tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas la levée complète du blocus de Gaza.

L'Autorité palestinienne a proposé, au soir du mercredi 23 juillet, à partir du Caire, un plan prévoyant une trêve dans la bande de Gaza, suivie par cinq jours de pourparlers. Le Hamas a rejeté cette proposition pour les raisons qui viennent d'être évoquées.

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Pour une enquête sur les possibles crimes de guerre commis par l'Etat hébreu à Gaza.

Ce 23 juillet, Navi Pillay, Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, au vu des récentes destructions de maisons et de la mort de civils dont des enfants, dans la bande de Gaza, dans une flagrante violation du droit international humanitaire, a demandé une enquête sur les possibles crimes de guerre commis par l'Etat hébreu à Gaza. Des armes non conventionnelles (notamment des bombes à dispersion), interdites dans les zones résidentielles, ont été utilisées le 12 et le 21 juillet 2014. Elle a également dénoncé les attaques indiscriminées menées par le Hamas contre des zones civiles.

Il a fallu qu'une école de l'ONU dans la bande de Gaza soit bombardée, le 24 juillet, avec son lot de 15 morts palestiniens, pour pousser les Etats-Unis non pas à une condamnation mais à une réaction défavorable. Par la voix de Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat, ils se sont dits «attristés» par ce bombardement.

Ban-Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies, a aussi «condamné fermement» cet acte, comme il avait condamné quelques jours auparavant, le 20 juillet, «l'action atroce» de l'armée israélienne à Chajaya où plus de 60 Palestiniens ont trouvé la mort. Il avait appelé Israël à faire preuve de retenue en ajoutant : «Le blocus sur la bande de Gaza ne peut pas être durable», alors que la levée de ce blocus est l'une des conditions du Hamas pour un cessez-le-feu.

En quoi consiste ce «blocus» de Gaza? Ce territoire dont les frontières terrestres avec Israël et l'Egypte, l'espace maritime et l'espace aérien sont contrôlés par l'armée israélienne, est une prison peuplée de 1,5 million de Palestiniens à qui Israël fournit l'eau et l'électricité ainsi que les moyens de communication, les importations et les exportations taxées.

On comprend ainsi que la levée du blocus de Gaza est une nécessité que l'ONU et les grandes puissances doivent exiger d'Israël avant toute trêve et toute négociation.

 

* Ancien professeur d’urologie aux facultés de médecine d’Alger, de Tunis et de Paris. Fondateur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (la LTDH). Président, depuis juin 2011, du comité national de l’éthique médicale.

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