manif bardo 9 20La Tunisie est traversée par des courants contradictoires qui risque d’y provoquer des violences armées. Seul un sursaut citoyen peut encore sauver le pays d’une guerre fratricide.

Par Najib Gouiaa*

Cette ALERTE mérite d’être développée et argumentée par d’autres concitoyens. Seulement il y a urgence, une urgence qui m’incite à lancer cette alerte : la Tunisie risque de basculer dans la violence armée, si on ne maintient pas notre pays à l’écart des conflits avoisinants.

Citoyen tunisien sans appartenance politique, ancien reporter de guerre et producteur de news, ayant couvert plusieurs conflits, en tant que professionnel de l’information, et à la lecture de rapports récents, je m’inquiète pour la paix dans mon pays.

Je reproche à nos hommes politiques et à nos décideurs leur silence. Aussi, je m’adresse à la majorité des citoyens, pères et mères de famille, jeunes: j’ai souvent couvert les conflits armés en différents lieux du monde et j’ai souvent entendu dans la bouche de la grande la majorité cette phrase fatidique: «On ne croyait pas que ça allait nous arriver!»

Je ne vis pas en Tunisie et ne prétends à aucune action, ne souhaitant aucunement rajouter de la polémique aux débats. J’appelle de mes vœux tout simplement à l’émergence rapide d’un mouvement citoyen en faveur d’une neutralité de la Tunisie au regard des conflits actuels.

Pour un grand mouvement citoyen

Une guerre sous-jacente est à nos frontières et risque de déborder chez nous. Notre optimisme (légitime) nous épargne de nous soucier de ce qui se passe chez nos voisins. Mais certains de nos dirigeants politiques enrôlent, de plus en plus, la Tunisie au-delà des ses frontières dans des agendas politiques régionaux qui ne concernent en rien l’intérêt des Tunisiens, la paix et la stabilité de notre pays. Cette ingérence a déjà entrainé des Tunisiens à s’enrôler à l’étranger: elle risque de faire basculer la Tunisie dans une poudrière régionale.

Najib-Gouiaa

Najib Gouiaa.

D’aucuns diraient que je suis alarmiste, je l’espère. Toutefois, j’ai appris de par mon ancien métier de reporter de guerre (ex-Yougoslavie, Moyen-Orient, Afrique centrale) que lorsque le conflit éclate, que les morts et les haines se multiplient, il est trop tard pour agir. Les conflits ne naissent pas spontanément.

En Tunisie, certains sont en train de semer les graines d’une guerre par procuration sur notre sol en impliquant notre pays dans des axes belliqueux. Il existe des faits qui permettent de les identifier. Je ne vais pas les aborder ici pour ne pas exacerber les clivages. Révéler certains faits, certains noms de dirigeants, certains noms de pays ne ferait que le jeu des pyromanes.

C’est plutôt la réaction générale de toutes les composantes de la société et surtout ceux (que je comprends bien) qui ont tourné le dos à la politique qui peut sauver notre pays de la destruction. Seul un grand mouvement citoyen pour la neutralité permettra à la Tunisie de maintenir sa souveraineté et sa stabilité sans prendre part à des conflits qui ne la concernent pas.

La neutralité du pays implique qu'elle ne participe pas, ni à travers son président, ni à travers son gouvernement ou ses composantes politiques aux dissensions et clivages existants dans les pays voisins.

Seule la Tunisie échappe encore à ce qui agite les pays dit du «Printemps arabe». Or, si elle aspire à la paix et à la stabilité, elle se doit de se déclarer «pays neutre» pour se prémunir du chaos qui va se transformer en de multiples guerres civiles.

La neutralité n'est pas seulement pour protéger la Tunisie des affrontements externes qui menacent la région mais aussi pour éviter que notre pays soit déchiré, car les différentes sensibilités politiques peuvent être tentées de se ranger chacune d’un côté ou de l’autre des belligérants. Les conditions susceptibles de nous entraîner dans une guerre régionale sont réelles.

Mettre en place une politique de la neutralité

Les déclarations d’ingérence dans les affaires d’autres pays au nom de nobles causes, la «tribalisation» de l’islam, les difficultés économiques et l’exacerbation des tensions sociales entre diverses régions de notre pays, les assassinats sont des conditions préalables et il suffira d’appuyer sur le détonateur.

On se doit de mettre urgemment en place une «politique de la neutralité» car l’opinion publique est, de plus en plus, tiraillée et divisée sous les pressions médiatiques étrangères, et à travers des relais internes. Au risque de paraître alarmiste, j’appelle mes confrères tunisiens du secteur de l’information à la vigilance.

Dans le cadre de mon métier, j’ai pu observer de près les méthodes médiatiques qui préparent psychologiquement les citoyens à l’affrontement.

L'action préventive est requise. Il est possible d'agir de multiples façons en éclairant le Tunisiens sur l’importance de la neutralité du pays.

Un travail de promotion actif des valeurs de neutralité s'impose en cette période pré-électorale, pour amener nos futurs dirigeants à déclarer la neutralité de la Tunisie et à l’appliquer !

* Producteur tv, ancien reporter de guerre.

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