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A Henchir Ettalla, mercredi soir, 16 juillet 2014, l'armée nationale a subi une défaite cuisante. Les responsabilités doivent être délimitées et les responsables limogés.

Par Dr Abdelmajid Mselmi*

Le massacre de Henchir Ettalla a démontré clairement les défaillances de l'armée tunisienne: le face-à-face qui a opposé un groupe de terroristes à un régiment de l'armée tunisienne a tourné en faveur des premiers, qui ont pu toucher tous les soldats (14 morts et 7 blessés graves), tout en s'en sortant avec un minimum de dégâts et probablement un butin.

En réalité, l'armée tunisienne vient de subir sa troisième défaite consécutive contre le terrorisme en l'espace de 3 mois après l'attaque contre le domicile du ministre de l'Intérieur à Kasserine et la mort de 4 soldats par l'explosion d'une mine à Jendouba.

Ces revers surviennent paradoxalement après que l'armée nationale ait engagé une offensive contre le terrorisme à Jebel Chaambi pour les déloger de leur bastion et les empêcher définitivement d'y revenir. L'armée a déclaré récemment qu'elle contrôlait la montagne mais on a maintenant la preuve que ce n'est pas le cas.

Après plus que 3 mois de l'opération militaire engagé depuis avril, le bilan est largement négatif et on peut dire sans exagérer que l'opération a échoué ?

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Le Jebel Chaambi est devenu une malédiction pour nos soldats.

Défaillance troublante

Depuis le massacre d'avant-hier, l'opinion publique se pose plusieurs questions sans y trouver des réponses convaincantes chez les responsables militaires. Comment un tel groupe possédant des armes semi lourds a-t-il pu arriver dans cette région sans être détecté par les services de renseignement de l'armée? Comment expliquer la défaillance des soldats sentinelles qui gardaient normalement la base militaire et devaient alerter du moindre mouvement de l'ennemi? Pourquoi les soldats sont-ils abrités dans des tentes en plastique, brûlées par les obus des terroristes, alors qu'ils devaient loger dans des abris mieux dissimulés et loin de la portée des ennemis? Comment expliquer le retard enregistré dans l'arrivée des renforts alors qu'il s'agit d'une zone de guerre où la logistique est disponible et rodée pour faire face à toute offensive terroriste dans les plus brefs délais? Pourquoi la réaction des soldats était-elle si faible face à un ennemi en nombre équivalent, mais qui a pu prendre le dessus et faire subir à notre armée un massacre terrible?

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Jusqu'à quand l'armée va-t-elle continuer à enterrer ses enfants auxquels elle n'a pas donné les moyens de se défendre?

Responsabilité de l'état-major

Le ministre de la Défense et l'état major de l'armée sont les premiers responsables de cette défaite humiliante de notre armée, qui a fait pleurer des millions de Tunisiens. Pourtant le chef du gouvernement a déclaré, hier, jeudi 17 juillet 2014, que les services de renseignement étaient en possession d'informations sur une attaque terroriste imminente sur le sol tunisien. La vigilance aurait du être optimale surtout dans cette zone militaire fermée considérée comme terrain de guerre contre les terroristes.

Malheureusement, et au vu de ce que s'est passé, Ce n'était pas le cas!

L'armée tunisienne n'a certes pas suffisamment de moyens techniques et logistiques mais elle a un capital humain bien formé et expérimenté et des compétences suffisantes pour venir à bout de ces hordes de terroristes. Son histoire et sa notoriété auprès du peuple tunisien ne lui permettent pas de telles défaillances primitives et de telles défaites humiliantes.

En politique comme dans d'autres domaines, celui qui échoue doit payer et laisser la place à d'autres plus compétents. Il n'est pas permis de laisser en place les responsables de l'échec pour qu'ils récidivent et mettent en jeu la sécurité de la nation.

Il est nécessaire de changer le staff dirigeant et de mettre en place de nouvelles équipes et de nouvelles stratégies de lutte contre le terrorisme plus efficaces et plus incisives. Car, dans la lutte contre ce fléau, notre nation n'a pas beaucoup de choix : la victoire ou la victoire

* Chirurgien, professeur agrégé, membre du Front populaire.

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