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La défaite brésilienne au Mondial du Brésil a passé au second plan la tragédie du peuple palestinien à Gaza, piétiné par la machine de guerre israélienne.

Par Meriam Hammami

Mardi 8 juillet 2014, le Brésil a été laminé par l'Allemagne, en encaissant 7 buts, une défaite historique. La tragédie vécue par 200 millions de fans de foot brésilien a plongé le pays et les supporters dans le désarroi.

Le même jour, 40 morts et des centaines de blessés dans des raids israéliens sur la bande de Gaza, le spectacle de la terreur continu.

«7 buts et 40 morts» : Ainsi parlèrent les spectateurs au lendemain du drame...

Moment propice pour bombarder Gaza

Fidèle à son éthique scabreuse, l'Etat colonialiste et génocidaire, qui traite les résolutions de l'ONU comme des chiffons de papier, n'a pas trouvé de moment plus propice pour bombarder Gaza. Un timing footballistique parfait, à la Une de plusieurs journaux étrangers au lendemain du drame c'est la nouvelle de la tragédie brésilienne qui a primé : pari gagné.

Defaite-Bresil

Un drame...

Les gouvernements du monde arabe ne condamneront qu'à demi-voix le massacre... le peuple pense déjà à la finale du dimanche.

Quant aux groupes extrémistes de psychopathes dégénérés classés à tort comme des «islamistes», enivrés par le sang rédempteur, mènent leur guerre «sainte», en Irak et en Syrie, au nom du trafic d'armes et des gisements de pétrole.

Pour combien de temps encore on parlera de Gaza et de la cause palestinienne dans les médias? Le temps que le massacre se consume en toute impunité. Les forces de l'occupation qui ont bâti un «Etat» sur le sang et la terreur depuis le massacre de Deir Yassine en 48 invoqueront la légitime défense et se placeront en victimes. Un scénario bien rodé, soutenu et promu par la presse étrangère.

Nous, nous tenons les comptes: 40 morts. Mais voilà le nombre des victimes palestiniennes augmente à chaque offensive, nous, nous nous tenons à jour. Nous comptons pour après oublier comme nous savons si bien faire. Semble déjà lointaine la triste nouvelle de la mort de nos quatre jeunes soldats. Combien de jeunes soldats ont péri ? Combien d'innocents tués depuis trois ans dans notre pays: de Mohamed El Hanchi, à Mohamed Brahmi passant par Tahar Ayari, Hatem Bettahar et Chokri Belaid. Beaucoup de sang et si peu de changements.

L'indifférence assassine

Et dire qu'en 2011, une autre vie semblait s'offrir à nous, l'élan de solidarité envers les réfugiés libyens et l'engouement du peuple pour les élections étaient bien le signe d'une volonté profonde de changements. L'espoir d'un monde plus juste se profilait à l'horizon, un voyage de Alim vers Al-Aqsa semblait possible.

S'en est suivi une période d'incertitude, de doute, de mort et de trahison : les partis au pouvoir n'ont pas tenu leur promesse et la criminalisation de la normalisation avec 'Israël' n'était plus à l'ordre du jour. S'installa une indifférence assassine et la cause palestinienne céda la place à l'«occupons-nous de nos ognons!» slogan phare de certains «progressistes» en herbe, occupons-nous de nos moutons, de nos poubelles, de nos députés, de notre crise économique, de notre dépression collective ... Et arriva la Coupe du Monde, une soixantaine de match à suivre, s'en suivra ramadan, une centaine de feuilletons inédits à dévorer de jour comme de nuit sont au programme.

Gaza

... en cache un autre.

Les matchs, les feuilletons, la bouffe..., tout est là pour que nous puissions détourner les yeux de nous-mêmes, de notre souffrance et même de la sacralité de la vie. Les nouvelles de mort défilent chaque jour en bas de notre écran dans l'indifférence, nous les consumons sans nous y attarder.

Seul le silence est grand ...

Après la rupture du jeûne, les cafés s'installent sur le trottoir et dans certaines mosquées on active les haut-parleurs, sans doute pour contrer la houle vaniteuse des supporters et pour tempérer l'ardeur des dévoreuses de feuilletons. La soirée se déroule entre les cris de l'imam et ceux des supporters, chacun d'eux, à sa façon, poursuit son coin de paradis, mais nous plongeons chaque jour, un peu plus, en enfer, quelque part entre les «hallucinés de l'arrière-monde» et les pusillanimes du vestibule dantesque.

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