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Le locataire du palais de Carthage ne représente plus rien politiquement et n'a plus de crédibilité auprès des Tunisiens. Homme des discours, n'hésitant devant aucune contradiction, il n'apporte finalement rien de positif à son pays!

Par Rachid Barnat

Une fois de plus le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, est sorti de son silence pour causer à «son peuple», lui le premier président dans l'histoire de la Tunisie à être élu démocratiquement, comme il aime à rappeler, alors qu'il n'était élu qu'en tant que constituant... avec 7.000 voix ! Enfin, il feint d'oublier ce que tous les Tunisiens savent, à savoir qu'il ne doit son poste de président provisoire qu'à son «frère» Rached Ghannouchi, tous deux faisant partie, à des degrés différents, de la mouvance des Frères musulmans

Qu'a-t-il dit au juste?

Celui qui a fait entrer les extrémistes religieux au palais de Carthage

Dans une langue de bois qu'il maîtrise à merveille, il déclare aux Tunisiens qu'il est plus que jamais temps qu'ils rompent avec la violence, cessent les discours de haine, mettent fin à l'instrumentalisation des mosquées pour diffuser haine et violence, s'unissent, et cessent d'utiliser la démocratie à la carte pour n'en prendre que ce qu'ils veulent!

Faut-il rappeler à celui que ses concitoyens surnomment «tartour» (marionnette, par allusion à son allégeance envers Ennahdha) qu'il a reçu officiellement au palais de Carthage les membres des Ligues de protection de la révolution (LPR) dont les Tunisiens subissent violences et exactions au quotidien, et dont ils demandent qu'elles soient dissoutes... En vain ! Demande réitérée à maintes reprises par l'opposition et par toutes les associations civiles avec à leur tête l'UGTT... toujours en vain?

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Le président de la république reçoit des milices violentes au Palais de Carthage.

N'est-ce par lui et son «frère» Ghannouchi qui soutiennent les LPR pour protéger leurs partis respectifs, et ce contre la volonté des Tunisiens?
Faut-il rappeler à M. Tartour qu'il a reçu aussi au palais de Carthage les prédicateurs obscurantistes que lui envoyaient ses amis pétro-monarques pour diffuser le wahhabisme et la violence dans notre pays?

Faut-il lui rappeler qu'il a même permis la tenue de conférence dans cet auguste palais animée par l'un des plus virulents des salafistes tunisiens?

Quant à l'unité des Tunisiens, faut-il lui rappeler son discours inaugural en tant que président provisoire où il stigmatisait «harayer tounes», les femmes libres de la Tunisie... en les appelant les «safirats» (non voilées), les désignant ainsi à la vindicte des islamistes, introduisant déjà le germe de la «fitna» (discorde) parmi les Tunisiens?

Et les règles démocratiques à la carte, parlons-en: n'est-ce pas lui et son «frère» Ghannouchi qui en usent et abusent?

Les deux soutiennent le président déchu égyptien Mohamed Morsi en insistant sur la légalité et la légitimité que lui confèrent les urnes et demandent aux Egyptiens de respecter les règles démocratiques en le réinstallant au pouvoir! Oubliant que la légitimité ne se cantonne pas qu'aux urnes et que Morsi a perdu la légitimité morale pour s'être écarté des objectifs de la révolution des Egyptiens et cherché à leur imposer le modèle sociétal des Frères musulmans!

Les contradictions du pseudo-légitimiste

Curieux que le légaliste et légitimiste président provisoire de la république ne se rende pas compte qu'il piétine la démocratie et la volonté du peuple Tunisien en se cramponnant à une légitimité qui n'existe plus depuis le 23 octobre 2012, en voulant maintenir l'Assemblée nationale constituante (ANC) dont il est issu!

Si Morsi a perdu sa légitimité morale, que dire de Marzouki et de Ghannouchi qui ont perdu toutes les légitimités :

- électorale depuis le 23 octobre 2012 ;

- morale pour n'avoir pas respecté ce pourquoi l'ANC était constituée : la rédaction d'une constitution dans un délai de un an ;

- politique pour tous les échecs à tous les niveaux des deux gouvernements islamistes (Hamadi Jebali et Ali Larayedh), aggravés par les assassinats politiques et les morts de soldats et de policiers par le fait des «enfants» de Ghannouchi;

- «consensuelle» qu'avait accordée l'opposition et l'UGTT, contre la volonté des Tunisiens, à la troïka au pouvoir, et qu'ils ont perdue pour n'avoir pas respecté les conditions qui l'accompagnent !

Marzouki le démocrate a poussé l'outrecuidance jusqu'à menacer d'un procès toute personne qui lui contesterait sa légitimité !

Pour finir, il fait un parallèle entre les graves incidents en Egypte et leur possible répercussion en Tunisie; lui qui lors du «tamarrod» (rébellion) par lequel Mohamed Morsi a été démis de ses fonctions, assurait que ce qui se passe en Egypte n'a aucune incidence en Tunisie: «Eux c'est eux, nous c'est nous», semblait-il dire alors.

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M. Marzouki déroule le tapis rouge aux prédicateurs extrémistes: ici avec Béchir Ben Hassen, actuellement en prison au Maroc.

Ne voilà-t-il pas qu'en contradiction totale avec ce qu'il disait alors, il menace les Tunisiens d'un bain de sang s'ils persistaient à demander son départ («rahil»), celui des constituant et du gouvernement... puisqu'il les assure que ce qui s'est produit en Egypte peut se produire aussi en Tunisie!

Si Marzouki avait l'étoffe d'un homme politique responsable, il tirerait les conséquences des échecs de la troïka au pouvoir devenus secrets de Polichinelle, et s'il était un démocrate qui respecte la volonté des Tunisiens manifestant par dizaine de milliers tous les jours depuis plus de deux semaines, voilà ce qu'il devrait faire:

- demander la dissolution du gouvernement;

- désigner un nouveau chef de gouvernement, qui se charge de former un gouvernement restreint de technocrates;

- dissoudre l'ANC;

- désigner un collège d'experts pour finir la constitution et remédier aux contradictions «volontaires» qui ne sont que des pièges dans une constitution pour un parti, celui d'Ennahdha.

Mais un «tartour» restera toujours un «tartour». Il n'a aucun pouvoir puisqu'il est la marionnette des Frères Musulmans et de Ghannouchi à qui il doit son poste.

Il ne représente plus rien politiquement. Il n'a plus aucune crédibilité auprès des Tunisiens de tous bords et il est seulement l'homme des discours, n'hésitant devant aucune contradiction, pratiquant la méthode Coué et finalement n'apportant strictement rien de positif à son pays!

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