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La mobilisation de ses partisans, payés pour manifester leur attachement à la «légitimité», les aboiements de ses dirigeants et leurs gesticulations pathétiques montrent que le parti islamiste Ennahdha vit ses derniers soubresauts. L'islamisme politique est agonisant.

Par Moez Ben Salem

Il semble que les destins respectifs des peuples tunisien et égyptien soient intimement liés.

En effet, la chute du dictateur tunisien Ben Ali en janvier 2011 a été suivie 1 mois plus tard de celle de son homologue égyptien Moubarak.

Deux ans plus tard, l'échec des Frères musulmans dans la gouvernance du pays, pousse le peuple égyptien à se rebeller et à chasser le président islamiste Morsi.

A leur tour, les Tunisiens emboitent le pas aux Egyptiens et la chute du gouvernement islamiste n'est plus qu'une question de temps.

La descente aux enfers des Tunisiens

Les premières élections libres du pays, qui se sont déroulées un certain 23 octobre 2011 et ont permis d'élire les 217 membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC), chargés de rédiger une nouvelle constitution dans un délai d'une année, ont vu le parti islamiste Ennahdha remporter la mise et s'octroyer 37% des suffrages.

Fort de sa confortable avance, Ennahdha s'est associé à deux partis fantoches, un parti crypto-islamiste (le CPR) d'où est issu le président provisoire de la république et un parti de gauche (le FDTL) d'où est issu le président de l'Assemblée constituante, pour former une Troïka qui s'est engagée à gouverner le pays durant une période transitoire, le temps que les élus du peuple terminent la rédaction de la constitution.

Malheureusement, près de 2 années après la mise en place de la Troïka, cette gouvernance se solde par un échec retentissant, avec un bilan désastreux, pour employer un euphémisme.

En effet, l'incompétence et la mauvaise foi de la Troïka allaient mener le pays vers un abîme, aux fonds insondables.

D'abord la situation sécuritaire se dégrade dangereusement devant, notamment, l'incroyable passivité des autorités tunisiennes face aux actes de violence commis par des groupes extrémistes, dans l'impunité la plus totale, ce qui engendre un sentiment de panique chez les Tunisiens et la fuite des touristes et des investisseurs potentiels.

Au plan socio-économique, la situation est encore pire, avec une aggravation du taux de chômage, une inflation qui bat tous les records, une paupérisation progressive de la classe moyenne, une dégringolade ininterrompue de la monnaie tunisienne (le dinar) et j'en passe...

Afin d'asseoir leur emprise sur la société tunisienne, les islamistes entreprennent de faire 2 sortes d'actions: d'une part, infiltrer l'administration tunisienne d'éléments dénués de toute compétence et n'ayant pour seul CV que l'appartenance au mouvement Ennahdha; d'autre part, développer des milices violentes, dénommées poétiquement «Ligues de Protection de la Révolution» (LPR), chargées d'intimider les Tunisiens et de saper les activités des partis d'opposition.

Sur un autre plan, les membres de l'Assemblée constituante trainent le pas et, 20 mois après le démarrage des travaux, la rédaction de la constitution est loin d'être achevée. Pire, les scandales se succèdent, le plus grave d'entre étant le fait que le rapporteur général (un islamiste) se permet d'apporter à sa guise quelques «retouches» au projet de constitution.

Mais la descente aux enfers des Tunisiens ne va malheureusement pas s'arrêter là! En effet, un dangereux phénomène qui leur était totalement méconnu depuis 60 ans, fait son apparition, il s'agit des assassinats politiques.

Un peuple en colère, un gouvernement autiste

Il y a eu d'abord l'horrible lynchage par des hordes de milices islamistes excitées, du regretté Lotfi Nagdh, membre du principal parti d'opposition, NIda Tounes, un certain 18 octobre 2012.

Ensuite, le 6 février 2013, ce fût le lâche assassinat par balles d'une grande figure de l'opposition, en l'occurrence Chokri Belaid. La gigantesque mobilisation de la société civile a obligé le gouvernement provisoire de l'époque à démissionner et un nouveau gouvernement, toujours dominé par le mouvement islamiste Ennahdha, a été mis en place. Malgré toutes les promesses faites par le nouveau chef du gouvernement et par le nouveau ministre de l'Intérieur, les assassins et surtout les commanditaires de l'assassinat de Chokri Belaid, courent toujours, ce qui ne fait qu'amplifier la rumeur de l'existence au sein du ministère de l'Intérieur d'une structure parallèle inféodée au parti islamiste.

Pire, en plein mois de Ramadan, le 25 juillet, le jour où les Tunisiens fêtaient le 56e anniversaire de la république, un autre membre de l'opposition et de l'Assemblée constituante, Mohamed Brahmi, allait être assassiné de 14 balles tirées à bout portant. Le plus grave dans cette affaire, c'est que, 10 jours avant cet assassinat, un dirigeant islamiste, président du groupe parlementaire d'Ennahdha, Sahbi Atig en l'occurrence, s'était permis, en toute impunité, de lancer en pleine rue des menaces à l'encore de tous ceux et celles qui oseraient mettre en doute la légitimité de l'actuel gouvernement!

C'en était trop pour les Tunisiens! Les élus à l'Assemblée constituante membres de l'opposition, décident de geler leur activité au sein de l'ANC et d'entreprendre un sit-in au Bardo, appelant à la dissolution de l'Assemblée et du gouvernement provisoire.

Ce geste allait déclencher un vaste mouvement de solidarité des Tunisiens et Tunisiennes, dont les nerfs sont mis à mal par l'incompétence notoire du gouvernement, qui viennent tous les soirs par dizaines de milliers, devant le siège de l'ANC, au Bardo, exprimer leur rejet de ce gouvernement, désormais vomi par une large majorité d'entre eux.

La colère des Tunisiens va être attisée par l'horrible assassinat de 8 soldats envoyés en pâture aux terroristes d'Al-Qaïda déployés au Jebel Chaambi et le mouvement de révolte va s'amplifier attirant de plus en plus de citoyens et s'étendant à de nombreuses villes.

Que fait en gouvernement entretemps? Autiste, sourd et aveugle jusqu'au bout, il choisit la fuite en avant. Assis sur les décombres d'une légitimité ruinée et obsolète, le chef du gouvernement se lance dans un discours menaçant, traite les protestataires de «putchistes» et appelle dans un geste de désespoir, ses sympathisants à venir à son secours et à défendre sa pseudo-légitimité. Quoique payés à raison de 20 dinars par soirée, les mercenaires d'Ennahdha sont bien moins nombreux que les contestataires et leurs aboiements et gesticulations pathétiques ne sont plus que les derniers soubresauts d'un islamisme politique agonisant.

Aujourd'hui, on peut affirmer sans trop de risque de se tromper, que la fin de ce gouvernement est proche et que sa chute n'est plus qu'une question de jours!