sahbi atig 7 17La Tunisie, d'une dictature corrompue jusqu'à l'os à un régime islamiste qui a manifesté jusque-là son incapacité à gouverner et surtout à rassembler le peuple, et qui pense que ses opposants sont forcément dans l'erreur.

Par Ridha Hamdane*

J'accuse Sahbi Atig d'injure grave, d'offense et d'outrage envers le peuple de Tunisie. D'outrage aux bonnes mœurs c'est-à-dire d'avoir porté atteinte à la moralité publique.

Je ne suis pas spécialiste de droit, mais on nous a toujours dit qu'un député, même s'il est élu dans une circonscription qui n'est pas la vôtre, représente tous les Tunisiens car il est considéré comme député de la nation.

Sahbi Atig, je m'adresse à vous très solennellement pour vous dire haut et fort que vous ne me représentez pas.

J'ai lu sur un bref CV vous concernant que vous êtes universitaire et membre de l'Union internationale des savants islamiques. Quelle image vous donnez des universitaires et surtout des savants? A moins que ces mots valises ne veuillent plus rien dire ce qui est un peu vrai.

On a longtemps parlé de l'appauvrissement de la pensée religieuse sans que je comprenne réellement la portée cette affirmation. Maintenant, je comprends et je vois, à travers ce que vous déclaré en public, que cet appauvrissement s'est aggravé.

Ce qui dérange le plus chez vous, comme chez vos amis de la même obédience, c'est que vous n'assumez jamais ce que vous dites ni ce que vous faites. Vous vous rétractez toujours. «Ce n'est pas ce que je voulais dire. J'ai été mal compris. Je m'adressais, en fait, à une minorité...»C'est un discours qui ne passe pas. «Rached Ghannouchi n'est pas en Turquie pour le congrès des Frères musulmans. Non, c'est le hasard du calendrier car cette visite était prévue de longue date».

Pourquoi ne vous êtes-vous pas attaqué à l'Arabie Saoudite et au Qatar, qui ont pris fait et cause pour le nouveau pouvoir en Egypte, faisant fi de toute notion de légitimité du président Morsi qu'on a même qualifié de «président déchu».

Tels que vous êtes, vous serez gouvernés. Si vous êtes arriérés, vous serez gouvernés par des arriérés, si vous êtes tribaux, vous serez gouvernés par des tribaux, etc.

Est-ce que nous allons continuer à être pris en otage par une dictature corrompue jusqu'à l'os qui tranche la tête à tous ceux qui la critiquent, comme ce fut le cas avec Ben Ali, ou bien par des régimes islamistes qui ont manifesté jusque-là leur incapacité à gouverner et surtout à rassembler et qui pensent qu'ils sont les seuls à être sur le droit chemin et que les autres, alors que ceux qui s'opposent à eux sont dans l'erreur?

* Professeur.