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L'islam politique éliminé sans violence par les urnes, ou par la violence s'il ne s'incline pas devant la volonté populaire; et il ira mourir de la mort des idéologies fascistes.

Par Rachid Barnat

Certains se lamentent et regrettent que les révolutions aient donné naissance à des pouvoirs islamistes. Ils ont tort. Les «printemps arabes» ont eu, au moins, un mérite, et il n'est pas mince, c'est d'avoir ouvert les yeux aux peuples concernés mais aussi partout dans le monde, sur l'islamisme politique.

Il est bon, qu'à la suite du renversement des dictateurs en Tunisie et en Egypte, des islamistes aient été élus et qu'ils aient accédé au pouvoir à la faveur de majorité absolue ou relative et, dans certains cas, grâce au soutien de prétendus démocrates, comme cela a été le cas en Tunisie, où Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar, trahissant l'engagement qu'ils avaient pris devant leurs électeurs, ont permis à Ennahdha d'accéder à la majorité.

Quelle régression en si peu de temps!

Que cela ait été une bonne chose, ce n'est évidement pas pour le pays lui-même car, en quelques mois, ces islamistes, dont certains prétendument «modérés», ont conduit leurs pays à une réelle régression, notamment, économique et sociale. Il suffit de voir l'état de la Tunisie et de l'Egypte aujourd'hui pour voir, sans être expert, la régression provoquée en si peu de temps.

Ces islamistes dits «modérés» ont renoué, très rapidement, aussitôt devrait-on dire, avec les pratiques des dictateurs chassés: le népotisme ou la nomination des parents et amis sans aucune référence aux capacités, l'affairisme et la corruption, l'instrumentalisation de la justice et les atteintes aux libertés!

Tout cela a donc été un mal réel pour les pays, mais cela a été aussi un bien majeur car les peuples ont pu se rendre compte de ce que les islamistes faisaient du pouvoir et ils ont compris que ces «hommes pieux» étaient des ambitieux hypocrites; et que ce qui les intéressaient avant tout ce n'était pas l'intérêt supérieur de leurs pays mais le pouvoir, l'argent, l'affairisme et favoriser leurs parents et proches.

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Une année de gouvernement des Frères musulmans: les Egyptiens n'en peuvent plus!

Eh bien, je dis que cette leçon partout, est une excellente chose.

Si les islamistes n'avaient pas obtenu le pouvoir, ils auraient continué à se présenter en martyrs et les peuples auraient pu continuer à croire aux miracles qu'ils promettaient.

Les peuples les ont vu aux manettes ! Et c'est très bien. Les peuples ont pu également comprendre, et cette leçon laissera des traces très importantes, que lorsqu'un parti s'appuie sur la religion, il ne peut pas être modéré ni admettre les libertés; et qu'il a, nécessairement, dans sa nature profonde, une tendance totalitaire; puisqu'il est censé vouloir appliquer la parole de Dieu... en ce basant sur la chariâ qui, selon les islamistes, en est le prolongement, des «savants» ayant explicité le Coran ! Et comme tel, la chariâ est aussi immuable que le Coran! Ce qui est une hérésie absolue, cette manière d'associer la parole de l'homme à celle d'Allah !

Les peuples ont, enfin, compris, qu'utiliser la parole de Dieu pour exercer le pouvoir était la pire des choses.

Ces islamistes par leurs incompétences, leurs abus en tout genre, ont aussi montré à une frange de plus en plus large des peuples que la religion ne doit pas intervenir en politique et qu'elle doit rester là où elle aurait dû demeurer: dans le cœur des hommes et dans les mosquées!

Finalement, les islamistes auront, à leur cœur défendant, fait progresser comme jamais l'idée de laïcité dans les pays arabes.

Le néo-colonisalisme wahhabite

Les peuples ont aussi bien mesuré que l'islam qu'il prenait pour un tout, comportait des obédiences diverses et variées et que, notamment, le wahhabisme, mal connu en Afrique du Nord, qui fut rejeté en son temps, était un cancer mortel, propagé à coup de milliards par les pétro-monarques d'Arabie et du Qatar!

Ces peuples ont ouvert les yeux et ont compris que le wahhabisme était en réalité un système politico religieux pervers, une idéologie totalitaire instrumentalisant la religion pour mieux asservir les peuples et les rendre plus facilement colonisables!

C'est pourquoi les patriotes les plus pieux ont commencé à comprendre et à se révolter contre ce nouveau colonialisme et ceux qui le permettent : les islamistes «Frères musulmans» au pouvoir aussi bien en Egypte qu'en Tunisie, à travers le mouvement Ennahdha.

Qui dira, après cela que les printemps arabes n'ont pas été bénéfiques?

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Manifestation anti-Ennahdha, samedi dernier, devant le siège de l'Assemblée au Bardo.

L'islamisme, j'en suis convaincu, sera vaincu, éliminé sans violence par les urnes, ou par la violence s'il ne s'incline pas devant la volonté populaire; et il ira mourir de la mort des idéologies inhumaines. On le retrouvera dans le cimetière des grandes idéologies liberticides: le nazisme, le fascisme, le communisme, le panarabisme et panislamisme.
N'assiste-t-on pas, déjà, aux prémisses de ce déclin avant coureur de la chute finale?

Il semble – l'avenir nous le dira plus clairement – que le changement d'émir au Qatar n'est pas seulement un changement d'homme mais un refus clair de soutenir aveuglément les islamistes de tout bord.

L'islam politique est mort, vive l'islam!

Si l'expulsion du cheikh Youssef Qaradhaoui, celui par qui le malheur est arrivé dans le monde dit «arabo musulman» quand il pondait les fatwas contraires à la philosophie même de l'islam, pour appuyer et servir la politique hégémonique de son maître, l'émir du Qatar, se confirmait; ce serait bien un signe sérieux que l'islamisme va vers sa chute. Ce qui se passe en Egypte avec le mouvement «tamarroud» (rébellion) contre les islamistes est un autre de ces signes. Je prends date, ici, et je prédis la chute de l'islamisme politique, demain, après demain, dans quelques années, probablement dans la douleur? Je ne sais. Mais une idéologie aussi liberticide, aussi mortifère, aussi régressive et qui n'apporte strictement rien à l'humanité en terme de progrès, ne peut avoir d'avenir!

Et gare à ceux qui, par ambitions personnelles ou parce qu'ils ne sont pas à la hauteur de ce que l'histoire attend d'eux, feraient des alliances contre-nature avec les islamistes. Les peuples et l'histoire ne le leur pardonneront pas.

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